M&A

La passion des assureurs pour garantir les fusacs

Publié le 3 novembre 2023 à 9h00

Mehdi ElAouni    Temps de lecture 3 minutes

Le nombre d'assureurs a triplé sur ce segment en l’espace de trois ans en France. Dans le même temps, les opérations se raréfient.

Après l’arrêt dû à la crise sanitaire, le regain de vigueur qu’a connu l’activité des fusions et acquisitions (M&A) en France a été accompagné d’un intérêt croissant pour les polices d’assurance de garantie de passif, communément désignées par l’acronyme W&I (pour Warranty & Indemnity Insurance). Toutefois, récemment, un ralentissement du marché s’est manifesté. En effet, lors du 1er semestre 2023, le M&A français a connu une diminution de 29 % en valeur et de 24 % en volume par rapport à l’année dernière. L’assurance W&I couvre les déclarations et garanties formulées par le vendeur concernant la qualité des actifs de la société. Ces déclarations autour de l’ensemble des aspects du bilan peuvent englober des questions fiscales, réglementaires, de ressources humaines ou même concurrentielles. « L’objectif essentiel de ce produit est de permettre à l’acheteur de se prémunir en cas d’inexactitude de l’une des déclarations du vendeur après la conclusion de l’opération », indique Priscille Hérault, responsable au pôle private equity et M&A services chez Marsh. L’évolution de ce produit, initialement souscrit par les vendeurs pour transférer une partie de leur responsabilité à un assureur, a progressivement abouti à un transfert quasi intégral de la responsabilité du vendeur. Cette dernière est souvent limitée à un euro symbolique, tandis que l’assureur prend en charge l’indemnisation en cas de déclaration inexacte. « Bien que les pays nordiques et l’Allemagne affichent des taux de pénétration plus élevés que la France sur ce type de produit, la progression en France est notable. Le nombre d’intervenants ayant la capacité de souscrire sur le marché français a considérablement augmenté », souligne-t-elle. En effet, ce segment suscite un intérêt grandissant parmi les assureurs, qui sont passés de 8 avant 2019 à un contingent actuel de 21 sur le marché français.

Entre juillet et décembre 2021, le marché a été le théâtre d’un afflux massif de dossiers, conséquence de la reprise économique. Les ressources humaines des assureurs et des courtiers se sont avérées insuffisantes pour la gestion de cette montagne de dossiers. Les prix ont mécaniquement augmenté tant en Europe qu’aux États-Unis. Cette situation s’est maintenue jusqu’à l’été 2022, où le deal flow a commencé à ralentir. Cela a engendré une inversion de tendance et entraîné une baisse des prix. « Nous avons pu observer une diminution des prix de l’ordre de 30 à 35 % par rapport à la même période de l’année précédente. Ceci est attribuable en partie à la réduction des transactions de grande envergure et à la multiplication des assureurs cherchant à s’implanter sur le marché français », pointe Priscille Hérault. Cette croissance du nombre d’acteurs donne aux courtiers la possibilité de présenter aux assurés un éventail plus large d’offres diversifiées. « Notre rôle est de choisir le fournisseur le mieux adapté en fonction de plusieurs critères, notamment le secteur d’activité, la taille du dossier, sa complexité, le coût et les niveaux des franchises proposés », conclut-elle.

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