À un mois de l'entrée en vigueur de la nouvelle réforme de l'assurance emprunteur, le patron du tout récent « Assurances du groupe BPCE », ex-Natixis assurances, exprime sa vision et ses doutes sur le texte (retrouvez l'intégralité de notre entretien dans le numéro de mai de La Tribune de l'assurance).
En emprunteur, quelle est votre vision sur la fin du questionnaire de santé ?
Nous sommes encore en train de voir si et comment notre offre évoluera, en étant attentifs à garder un haut niveau de mutualisation. Car potentiellement, la nouvelle loi Lemoine peut amener une forme de démutualisation. Nous y réfléchissons avec les distributeurs car c’est un sujet qui les concerne. Si l’on fait une approche du risque différenciée, il faut se baser sur d’autres éléments que la santé. Il reste donc l’âge et la catégorie socioprofessionnelle. Si on poussait le modèle à l’extrême, il vaudra alors mieux être un jeune cadre de 20 ans qu’un ouvrier de 45 ans. Aujourd’hui, 92 % des dossiers ont un questionnaire de santé validé immédiatement. Avec la nouvelle loi, on sera amené à prendre certains risques en aveugle. On verra comment le marché évolue mais finalement je ne suis pas sûr que cela change beaucoup la donne pour nous.
Pourriez-vous cesser d’assurer des prêts inférieurs à 200 000 € ?
En tant que bancassureur, nous avons vocation à répondre à tous nos clients : ce n’est donc pas envisageable pour nous. Nous ne modifierons pas notre politique de crédit, il faudra intégrer les personnes qui ne pouvaient pas emprunter auparavant et qui vont désormais pouvoir le faire. Mais c’est une clientèle relativement jeune donc ça relativise le risque. La fin du questionnaire nous a quand même gênés car pour la première fois dans le monde de l’assurance, il y aura une disparité entre l’assureur et l’assuré. C’est déjà le cas en collective mais il y a davantage de mutualisation. Théoriquement, l’emprunt est plafonné à 200 000 €, tous crédits confondus, mais nous n’avons aucun moyen de savoir si une personne a déjà un prêt dans une autre banque. Il n’y a pas de fichier central des prêts.
En matière de déshérence, où en est votre dispositif notamment en prévoyance ?
Notre dispositif est solide et a été renforcé avec la loi Eckert. Contrairement à l’assurance vie, c’est plus difficile en prévoyance, les structures familiales étant de plus en plus complexes. Mais c’est de notre responsabilité d’aller rechercher les ayants droit. Nous faisons notre maximum et pour l’instant nous n’avons jamais eu de problème. Le fait d’être bancassureur nous confère un avantage, car souvent notre assuré est un client de la banque et les ayants droit patrimoniaux et bancaires sont souvent les mêmes.
Le transfert du pôle assurances de Natixis à BPCE est-il achevé ?
Oui. Jusqu’au 1er mars, l’assurance était dans l’environnement de Natixis mais nous sommes désormais rattachés à BPCE. Nous nous appelons désormais « Assurances du groupe BPCE ». Cette réorganisation en interne coïncide bien avec l’ambition du plan stratégique de faire de l’assurance un des métiers phares du retail.