interview de la semaine

« La Maif coconstruit le temps de travail avec ses salariés »

Publié le 31 mars 2016 à 8h00

Florence Duflot

Olivier Ruthardt, directeur général ressources humaines de la Maif

Florence Duflot
chef de rubrique

La mutuelle niortaise, qui a décroché le titre de Top Employers France 2016, promeut dans le cadre de son nouveau plan stratégique management agile et innovation sociale.

Depuis trois ans, vous avez profondément réorganisé votre réseau. Quel bilan dressez-vous de ces changements ?

Ce plan est maintenant achevé. Le pari que nous avions formulé de réorganiser le réseau n’était pas gagné d’avance. Mais nous l’avons remporté. Nous avions basé notre projet sur la base du volontariat en demandant aux salariés de choisir entre une mobilité fonctionnelle et une mobilité géographique. Sur un effectif de 4 500 personnes, nous avons enregistré près de 2 500 mobilités fonctionnelles et plus de 450 mobilités géographiques. Notre accord signé avec la CFDT, l’Unsa et la CFE-CGC prévoyait de nombreuses mesures d’accompagnement à la mobilité et laissait le salarié libre de choisir le dispositif qui lui convenait. Nous avons regroupé des compétences dans les grandes agglomérations. Pour certains salariés, la mobilité leur a donné l’opportunité d’évoluer. Nous avons enclenché une vraie dynamique individuelle. L’expérience nous a montré qu’il était nécessaire d’être agile et innovant tout en laissant à chacun la latitude nécessaire pour s’y inscrire !

Quid de cette dynamique individuelle dans votre nouveau plan stratégique ?

Tout comme nous entretenons une relation de confiance et de proximité avec nos sociétaires, nous souhaitons qu’il en soit de même à l’intérieur de l’entreprise. Le nouveau modèle de management que nous avons mis en place est fondé sur la confiance avec une autonomie plus importante des salariés.

Nous avons d’ailleurs mis en place un laboratoire agilité et lancé le concept de user experience (expérience de l’utilisateur) où chacun peut apporter ses idées sur la base du volontariat. L’objectif est de pouvoir explorer de nouveaux modes de fonctionnement et d'organisation. Trois cents managers y ont déjà pris part en 2015 et cette année près de cinq cents collaborateurs devraient y être associés. C’est en piochant dans toutes les bonnes pratiques, qu’elles soient dans le domaine de l’assurance ou non, que nous pourrons continuer à progresser et coconstruire l’avenir.

Est-ce sur cette base que vous initiez la réflexion sur les modalités d’organisation du temps de travail ?

En janvier 2016, nous avons signé avec les partenaires sociaux un accord de méthode visant à coconstruire avec les salariés le temps de travail à la Maif. Nous voulons impliquer les salariés dans cette réflexion. Six cent cinquante d’entre eux participent à des groupes de travail. Auparavant, nous avions démarré une expérience avec l’établissement de Tours en laissant aux salariés le soin de proposer et de vivre leurs expériences d’organisation nouvelle, de collaboration et d'horaires. Les plages de présence sont décidées en fonction des flux. Une autorégulation s’est faite naturellement. Les managers accompagnent leurs équipes. Les syndicats portent un regard bienveillant sur cette expérience. Après huit mois, les résultats sont probants : le climat social est meilleur, la qualité de travail s’est améliorée et l’absentéisme global a diminué. Se sentant plus autonomes dans leurs horaires, les salariés peuvent mieux concilier vie professionnelle et vie personnelle.

La Maif mène une politique active de recrutement via l’apprentissage. Combien de jeunes apprentis avez-vous accueillis à la rentrée 2015/2016 ?

Au global, nous avons recruté 295 nouveaux jeunes en alternance au niveau national. Leurs profils vont de bac + 2 à bac + 5. 433 alternants sont actuellement en contrat d’apprentissage et de professionnalisation au sein de la mutuelle, 307 sur le réseau et 126 au siège. Ils se forment à la gestion de sinistres, au commercial marketing et aux fonctions support, informatique, ressources humaines, et contrôle de gestion. Etant assureur du monde de l’enseignement, l’apprentissage est dans nos gènes. Nous cherchons à transmettre, à partager. Plus de 80 cadres accompagnent un filleul dans leurs services. Fin 2015, l’université de Poitiers en partenariat avec le CFA enseignement supérieur et recherche Poitou-Charentes nous a décerné le trophée apprentissage meilleur employeur secteur tertiaire. Ce trophée participe au développement de notre image employeur.

Justement, votre marque employeur s’est récemment distinguée.

Après le magazine Capital de février 2016, qui relevait que la Maif comptait parmi les entreprises de l’assurance « les plus appréciées par leurs salariés », nous sommes aussi fiers d’avoir décroché pour la seconde année le titre de Top Employers France 2016 décerné par l’organisme de certification indépendant Top Employers Institute. Ce prix distingue les entreprises qui témoignent des meilleures pratiques RH et offrent les meilleures conditions de travail à leurs collaborateurs. Parmi les 64 entreprises qui l’ont obtenu, nous sommes un des rares assureurs.

Vous expérimentez aussi l’échange de salariés avec d’autres entreprises. En quoi cela consiste-t-il ?

Dans le cadre de notre gestion de carrière individualisée, nous proposons à nos salariés sur la base du volontariat de vivre une micro-expérience professionnelle dans une autre entreprise, une sorte de « vis ma vie ». Une façon de découvrir d’autres techniques, d’autres méthodes de travail, d’autres organisations. Ceux qui le souhaitent, gestionnaires sinistres ou producteurs, peuvent être détachés plusieurs mois puis ils retrouvent leur poste. Nous avons initié ces échanges notamment avec IMA sur Niort (Deux-Sèvres) et des start-up en régions.

Ces six derniers mois, la Maif a-t-elle négocié des accords avec les partenaires sociaux ?

Deux accords ont été signés, l’un majoritaire suite à l’application de la loi Rebsamen, l’autre comme je vous l’ai indiqué porte sur la coconstruction avec les salariés des nouvelles modalités d’organisation du temps de travail.

Quels sont les résultats des NAO 2016 sur les salaires ?

Concernant les NAO sur les salaires 2016, nous avons signé un accord avec la moitié des organisations syndicales (CFDT, FO et CFE CGC). Cet accord prévoit une augmentation de 0,8 % distribuée en deux fois. Nous avons augmenté la prime au logement pour les salariés en région de Bordeaux. Comme l’an dernier, une enveloppe est consacrée à l’égalité professionnelle pour réduire l’écart de salaires entre hommes et femmes. Un compte épargne temps (CET) a été mis en place il y a deux ans. Les salariés peuvent y placer quinze jours par an. Nous avons créé une passerelle du CET vers le Perco, avec possibilité de défiscaliser dix jours de congé et la mutuelle abonde aujourd’hui à hauteur de 75 %. Autre particularité de notre mutuelle, les salariés peuvent aussi donner des jours de congé à des personnes proches rencontrant des difficultés de santé importantes (la mutuelle abondant à hauteur de 20 %). Et depuis septembre 2015, ils ont la possibilité par le micro-don (arrondi de salaire) de faire preuve de solidarité à destination de trois associations dédiées au handicap. Plus de 1 300 se sont déjà inscrits dans cette démarche. Et nous abondons de 50 % ces versements.

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