Gaelle Revenu-Prunayre, DG adjointe d'Utwin, dresse un premier bilan de la loi Lemoine et dévoile la stratégie du grossiste sur ce marché concurrentiel.
Quel bilan dressez-vous de la loi Lemoine ?
Nous travaillons beaucoup sur la reprise des contrats. Nous avons lancé en 2018 un service de prise en charge de la gestion de reprise pour les clients dans le cadre des lois Hamon et Bourquin. 50 % de notre production était faite sur de la reprise. La loi Lemoine nous a permis d’aller encore plus loin dans cette démarche, puisque 75 % de notre production se fait actuellement par cette voie. Le délai pour la prise d’effets du contrat lors d’une délégation d’assurance a fortement baissé, il était estimé à cinq mois entre la signature et la prise d’effets. Avec la loi Lemoine, ce délai a été réduit à deux mois.
Nous attirons beaucoup plus de profils non-cadres et jeunes. Avec la loi Lemoine, en comptant la reprise des contrats, 43 % de nos souscriptions concernent des non-cadres. En définitive, et malgré les augmentations tarifaires, la loi a ouvert le marché aux non-cadres et aux jeunes, ce qui va dans l’esprit du texte pour favoriser un accès plus simple et plus juste à l’assurance emprunteur. Utwin propose quinze offres, que nous avons adaptées à la loi Lemoine (avec et sans questionnaire de santé). 20 % de nos souscriptions se font sans questionnaire de santé, lequel concerne plutôt les jeunes et les non-cadres.
Comment les tarifs se sont-ils ajustés à la suite de l’entrée en vigueur du texte ?
Certains assureurs ont procédé à des majorations plus faibles, quand d’autres ont majoré plus fortement leurs tarifs. Tous nos produits ont subi une hausse tarifaire plus ou moins importante. La hausse tarifaire est en moyenne estimée à 20 % sur les profils sans questionnaire de santé. Malgré ces hausses, la substitution en matière d’assurance emprunteur demeure intéressante pour l’emprunteur.
Comment réagissent les banques ?
Sur les profils sans questionnaire de santé, les banques ont été assez submergées par le flux de demandes qu’elles ont reçu, de fait les délais de dix jours ne sont pas toujours respectés. Il y a également des freins à l’acceptation et chaque banque peut avoir sa stratégie. Nous rejoignons parfaitement le constat de l’Apcade sur cette problématique.
Qu’est ce qui vous distingue sur ce marché ?
Notre gamme de produits est très large. Nous avons des offres pour les capitaux élevés, d’autres plus adaptées pour ceux qui pratiquent différents sports. Certains de nos réassureurs sont enclins à accepter tous les sports, là où d’autres sont plus frileux. Nous ciblons du non-cadre avec aggravation de risques, jusqu’à du premium. Nous avons une cellule interne de sélection des risques, avec des niveaux très élevés de délégation accordés par nos partenaires. Nous traitons tous les sujets de risque aggravé, et nous avons un panel d’acceptation très large grâce notamment à la collaboration avec les réassureurs dont certains acceptent facilement les risques cardiaques ou l’obésité. D’autres seront plus ouverts sur des clients atteints de cancer, ce qui finalement nous permet d’accepter toutes les typologies de profils à risque. Nous sommes ultra spécialistes du sujet et nous avons trois créneaux : la compétitivité, la protection, et la fluidité du parcours de souscription. Tout est digital et se fait dans un espace sécurisé.
Comment se porte Utwin ?
Utwin a été créé fin 2015, nous ne faisons que de l’assurance emprunteur. Nous sommes courtier grossiste, nous travaillons avec un grand nombre d’assureurs. Le premier à nous avoir fait confiance pour co-concevoir un produit a été Malakoff. Depuis, nous avons collaboré avec MNCAP, Axeria, Generali et Prévoir. Nous collaborons également avec plusieurs réassureurs, comme RGA, Scor, Hannover Re et Partner Re.
Prévoir est aujourd’hui notre actionnaire, mais surtout l'assureur d’un grand nombre de nos produits. Nous proposons à nos 4000 courtiers partenaires des offres Prévoir, mais également des offres Malakoff et d’autres assureurs. À fin 2022, notre chiffre d’affaires s’élève à 15 M€, en croissance constante chaque année de 20 à 25 %. Nous sommes 75 salariés basés en France, dont 15 commerciaux, 30 personnes sur les opérations et 15 personnes sur l’informatique.