Philippe Pierre, DG de Xenassur, la filiale grossiste du groupe Filhet-Allard spécialiste de l’assurance deux-roues, passe en revue les sujets qui agitent la profession et revient sur les spécificités de son groupe.
Comment votre portefeuille a-t-il évolué ces dernières années ?
Nous travaillons sur un marché du deux-roues qui se contracte depuis quelques années, notamment suite aux différentes réformes du permis de conduire et à un environnement économique difficile. Entre 2006 et 2014, les ventes de véhicules neufs ont ainsi chuté de près de 35 %. Malgré cela, notre portefeuille progresse régulièrement pour atteindre aujourd'hui 55 000 assurés. Nous estimons qu’il reste du potentiel sur le marché des deux-roues, notamment sur les risques aggravés ou le marché de l’occasion. La moto représente 80 % de notre portefeuille contre 15 % pour l’automobile ; les 5 % restant se partagent sur nos autres activités (cyclos, camping-cars, scooters des mers, GAV).
En termes de sinistralité, nous observons une baisse de la fréquence depuis plusieurs années, malheureusement contrebalancée par une hausse des coûts, tant matériels que corporels, à l’image du marché de l’assurance automobile classique. Les tarifs pourraient donc s'orienter à la hausse.
Quelles sont aujourd’hui vos relations avec vos partenaires ?
Xenassur travaille avec 3 950 agents et courtiers partenaires, dont 2 200 de manière régulière. Pour nous différencier de nos concurrents, nous essayons de proposer des garanties de niche, très ciblées, qui gravitent autour des offres classiques du marché. C’est le cas des risques aggravés en auto comme en moto, ou bien de la garantie des accidents de la circulation, en option dans notre contrat GAV.
Au-delà des produits, notre innovation majeure réside dans l'organisation mise en place pour tenir nos engagements qualité vis-à-vis de nos partenaires et de leurs clients. Nous mettons à leur disposition une équipe de professionnels dédiée, un service indemnisation intégré permettant une gestion individualisée du sinistre par un interlocuteur unique. Nous veillons particulièrement au délai de nos réponses : aujourd’hui, 100 % des dossiers reçus sont traités dans la journée et notre taux de prise d’appels est de 99,8 %.
Nos intermédiaires nous confient leurs clients et, à ce titre, nous nous devons d'être irréprochables. Cette condition est la base d'une relation de confiance et de la pérennité de nos partenariats.
Craignez-vous les conséquences de la loi Hamon ?
Je ne pense pas que la loi Hamon ait une incidence très importante sur le marché. Si dans l’imaginaire des assurés cela peut sembler simple, le processus de résiliation est tout de même soumis à quelques conditions, notamment la première année d’engagement. Je pense que, comme la loi Châtel en son temps, cela va sans doute apporter un peu de volatilité des clients, sans que cela ne constitue pour autant une révolution. Nous avons longuement attendu les décrets d’application. Le Comité consultatif du secteur financier s’est prononcé pour une entrée en vigueur de la résiliation infra-annuelle des contrats en avril prochain, mais Bercy souhaitait une application dès janvier. C'est Bercy qui a eu le dernier mot. Mon inquiétude porte davantage sur la manière dont les acteurs de la place vont devoir accompagner le changement de contrat des assurés et vérifier qu’il n’y a pas de risque de non-assurance.
Si la résiliation à tout moment devrait favoriser le développement des comparateurs, je reste également attentif à la position des bancassureurs, qui, de par leur réseau, pourraient encore monter en puissance. Même si nous avons une meilleure compréhension du risque qu'eux et que nous savons segmenter et tarifer au plus juste, notamment pour les grosses cylindrées.
Il est primordial pour nos courtiers partenaires de disposer d'offres de niches permettant d'apporter une réponse à l'ensemble des demandes de leurs clients et favoriser ainsi la multidétention.