Interview de la semaine

« La digitalisation va encore s’amplifier »

Publié le 17 décembre 2020 à 8h00    Mis à jour le 17 décembre 2020 à 9h00

Nessim Ben Gharbia

Fabrice Pomiers, DG de Digital Insure

Nessim Ben Gharbia
Journaliste 

Le directeur général de l’AssurTech Digital Insure revient sur la digitalisation accélérée du fait du confinement et met en avant le rôle des acteurs alternatifs dans cette numérisation de l’assurance.

La digitalisation des services clients observée pendant les deux périodes de confinement s’inscrit-elle dans un mouvement pérenne ?

Le processus de digitalisation s’est effectivement accéléré pendant cette période de confinement : de plus en plus de courtiers se sont approprié nos outils et ils ont même gagné des parts de marché ! Les mutuelles ont pris conscience que le digital, les smartphones, et les outils numériques faisaient déjà partie du quotidien de leurs clients. Certaines d’entre elles sont même en train de lancer ou d’accélérer leurs projets de digitalisation. Depuis juin dernier, nous recevons un nombre croissant d’appels d’offre. Nous croyons fermement que non seulement la digitalisation sera pérenne en assurance mais qu’elle va s’amplifier dans le temps chez tous les acteurs du marché.

Cette digitalisation des services peut-elle conduire à la mise en cause des réseaux physiques ?

Nous ne croyons pas aux parcours uniques standardisés, avec exclusivement des parcours web ou physiques. Pour moi, le « phygital » est l’avenir de la relation ! On voit que tout ce qui est maillage territorial fonctionne très bien. Il y a un lien de confiance indéniable entre le client et son conseiller qui joue énormément. Mais nous fournissons des outils digitaux aux courtiers locaux pour qu’ils soient à la pointe du numérique, sans investissement majeur pour eux. C’est comme ça qu’on arrivera à avoir des conseillers « augmentés ».

La transformation digitale aura certainement des impacts en termes d’usage. On peut imaginer des courtiers ou des CGP qui, selon la disponibilité des clients, alternent entre rencontre physique et réunion virtuelle. La souplesse de notre solution donne au consommateur la liberté de souscrire quand il le souhaite avec ou sans son courtier à ses côtés. Nos produits s’adaptent à tous les profils de clients, nous voulons accompagner toutes les évolutions de façon « agile ».

Comment concilier digitalisation et respect de la DDA ?

Nous avons créé un outil dont la conception même garantit la conformité à la réglementation : le workflow entièrement sécurisé et traçable permet de prouver l’exercice réel du devoir de conseil puisqu’on peut savoir à quel moment il s’est exercé, comment et par qui. S’il y a des réclamations, nous sommes capables de revenir à chacun des moments précis du parcours de la souscription. C’est la grande force de nos outils. L’objectif est de rendre simple ce qui semble compliqué pour faciliter la vie des courtiers et de leurs clients.

L’entrée sur le marché d’acteurs alternatifs constitue-t-elle une menace pour les assureurs traditionnels ?

Sans avoir la même taille qu’un Google ou un Tesla, nous sommes, nous aussi, un acteur alternatif et Digital Insure bouscule le marché de l’assurance ! Très compétitifs en termes de délais (quatre à six mois pour réaliser la transformation complète des processus), nous permettons à nos clients partenaires de passer le cap de la digitalisation de façon optimale et de limiter ainsi le risque de retard par rapport aux avancées de l’ensemble du marché.

Quelles sont les spécificités de votre modèle ?

Digital Insure est une AssurTech qui a démarré son activité il y a cinq ans. Ses trois fondateurs viennent du monde de l’assurance et ils ont eu très vite la conviction qu’il fallait digitaliser les parcours et automatiser les étapes longues et complexes comme celles de la sélection médicale. Depuis le démarrage effectif en 2015, nous avons connu une croissance exponentielle, nous travaillons actuellement avec douze assureurs et quatre réassureurs.

Nous avons débuté notre activité avec l’assurance emprunteur mais notre positionnement a évolué depuis. Aujourd’hui, nous proposons aussi de la prévoyance individuelle et venons d’officialiser une prise de participation majoritaire dans la société So-Soft, une plate-forme de comparaison-tarification d’offres de santé individuelle à destination du courtage. Nous passons ainsi du métier de courtier spécialiste en assurance emprunteur à celui de courtier plus généraliste en assurance des personnes.

Notre force, c’est que nous sommes en mesure de proposer à nos partenaires un parcours clés en mains : soit digital de bout en bout, soit avec des briques digitales indépendantes, en fonction de sa demande. Si demain un assureur a besoin d’un outil performant concernant sa gestion de sinistres ou de contrats, nous pourrons le lui proposer. De plus en plus de grands acteurs du marché de l’assurance nous sollicitent pour la mise en place de briques digitales. Il s’agit d’un changement assez récent.

Dépêches

Chargement en cours...

Dans la même rubrique

« La fraude à l'assurance sur les réseaux sociaux s’industrialise »

Le directeur général de l’Agence de lutte contre la fraude à l’assurance (Alfa), laquelle regroupe...

Nicolas Sinz élu président de l’Union des assisteurs

Le 7 février 2025, Nicolas Sinz, directeur général d'Europ assistance France, a succédé à...

«Marsh France est en croissance de 10 % sur 2024»

Fabrice Domange, à la tête de Marsh France depuis 2016, revient sur une décennie de transformations...

Voir plus

Chargement en cours...

Chargement…