MichelBeauchesne, PDG La Réunion aérienne et de La Réunion spatiale
Habituellementtrès discret, Michel Beauchesne expose sa stratégie d’entreprise et le contexteactuel de l’assurance aérienne.
Où enest La Réunion aérienne actuellement ?
LaRéunion aérienne (LRA) est un groupement d’intérêt économique de souscription.Au 1er janvier dernier, la composition de nos membres a évolué avecdésormais Scor UK aux côtés de Generali France et MMA. En outre, depuis mon arrivée en2006, j’ai souhaité faire évoluer notre modèle qui jusque-là s’apparentait plusà celui d’un gros courtier qu’à celui d’un véritable assureur. Pour ce faire,nous avons refondu notre recours à la réassurance pour passer de traités enquote-part à des couvertures excess. Dans le même temps, nous avonsamélioré la qualité de nos réassureurs et réduit le nombre de nos courtiers deréassurance.
Surquel marché de l’assurance aérienne évoluez-vous aujourd’hui ?
Principalementsur l’assurance des aéronefs où deux principaux segments de marché coexistent :d’une part les compagnies aériennes – près de 2 000 à travers le monde –, et,d’autre part, l’aviation générale, soit l’aviation privée. Avec à chaque foisles risques corps et RC à couvrir. Le marché de l’aviation générale est avanttout local. Outre les pilotes amateurs et leurs appareils, vous y trouvez lesPME du transport aérien, les hélicoptères, la RC des aérodromes et celle des aéro-clubs.LRA y est active en France, au Royaume-Uni et sur le continent africain.
Quiddes constructeurs et des complexes aéroportuaires ?
Ce sonteffectivement les deux autres segments de l’assurance aérienne. Lesconstructeurs vont de géants, comme Boeing ou Airbus, à des PME, à l’imaged’Issoire aviation, mais rassemblent également les motoristes tels Snecma, leséquipementiers, les sous-traitants… Les infrastructures, typiquement lesaéroports, et les entreprises du secteur aérien qui restent au sol (cellesnotamment chargées du catering, du carburant ou du ground-handling)représentent le quatrième et dernier segment du marché.
Quellessont les tendances sur ces différents marchés ?
Parmiles 2 000 compagnies à travers le monde, 60 % ont une flotte de moins de 10 appareils et 20 % disposent de 10 à 30 unités. Au-delà de 100 appareils, il n’ya qu’une petite cinquantaine de compagnies. La grosse tendance parmi cesgéants, type Air France/KLM ou British Airways (BA), concerne les achats deservices, donc d’assurance, qui sont réalisés par le biais de centralesd’achats mutualisées. Celle de la compagnie allemande Lufthansa réunit lesprogrammes de pas moins de 55 compagnies. Même chose chez Air France/KLM ouBritish Airways. La plus importante centrale d’achat à travers le monde estchinoise, il s’agit de CAAC (Civil Aviation Administration of China). Elleregroupe les flottes des principales compagnies du pays, soit plus de 1 500 appareils. Ces géants ont certes de gros besoins de capacités financières, maisaussi un très fort pouvoir de négociation auprès des assureurs.
Quisont les acteurs aux côtés de La Réunion aérienne ?
Du côtédes assureurs, vous trouvez les grands généralistes tels Allianz, Axa, Chartis,QBE ainsi que quelques gros assureurs japonais et coréens. Des réassureursinterviennent en direct sur ce marché (Munich Re, Suisse Re, Partner Renotamment). Une dizaine de syndicats du Lloyd’s parmi lesquels Amlin, Catlin,Kiln, etc. détiennent 15 % du marché mondial. Seules deux entités dédiées àportée internationale coexistent : La Réunion aérienne et l’anglo-américainGlobal Aerospace. Quant aux courtiers, quatre d’entre eux trustent 80 % dumarché (Aon, JLT, Marsh et Willis).
Quelleest la tendance tarifaire ?
Sur lesdix dernières années (2002-2012), les taux de primes des compagnies aériennesont été divisés par trois pour une exposition aux risques en hausse de 50 %.Malgré cela, le marché reste largement sur capacitaire, de l’ordre de 200 %. Ledernier redressement tarifaire significatif est intervenu à la suite desattentats du 11 septembre. Le très grave sinistre du Rio-Paris en 2009 n’a paseu d’effet majeur sur les niveaux de primes.
Et pourLa Réunion aérienne ?
Outrela transformation de nos protections de réassurance, LRA s’est engagée depuis2006 dans une segmentation plus fine des affaires souscrites, en fonction deleur rentabilité. Du fait de cette sélectivité accrue, nous enregistrons unelégère contraction de notre activité, la perte de quelques clients mais aussile gain de nouveaux clients, et un retour à la profitabilité. Notre effectifest constant, à 95 collaborateurs et sur les six dernières années, la moitié dustaff s’est renouvelée. C’est la loi du genre lorsque vous changez la façon defaire, les hommes changent également. Au final et en dépit de la baissecontinue des taux, LRA obtient un ratio combiné 2011 tous exercices à 94 %. Nosrevenus 2011 sont stables à 220 M€ et nos résultats s’améliorent à 14 M€. Dansle détail, notre chiffre d’affaires diminue auprès des constructeurs etaugmente auprès des principales compagnies aériennes. Par ailleurs, LRA serenforce auprès des compagnies aériennes de taille moyenne. Et c’est là qu’il ya le plus à faire. Notre politique de souscription nous amène également à êtreplus attentifs aux activités au sol et LRA décline le risque lorsque lescouvertures ne relèvent pas exclusivement de l’activité aérienne : RC généraleou risques de construction par exemple. Parce que ce n’est pas notre métier.