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Inflation : un indice discutable ?

Publié le 3 octobre 2022 à 9h00

Nessim Ben Gharbia    Temps de lecture 3 minutes

Mis en lumière par le récent accord assureurs-Bercy sur le pack anti-inflation, l’indice Insee du prix de l’assurance est critiqué par certains observateurs, qui mettent en cause ses modalités de calcul.

« La mobilisation des assureurs via des mesures collectives et individuelles contribuera à ce que l’évolution de l’indice Insee du prix de l’assurance reste sous l’inflation sur 2022 et 2023 », s’est félicité France assureurs à la suite de l’accord noué avec Bercy portant sur un « pack anti-inflation ». Jusque-là peu médiatisé, cet indice est porté sur le devant de la scène à la faveur de cet accord. Établi depuis 1997, l’indice Insee de l’évolution du prix de l’assurance est calculé chaque mois, sur la base de simulations de devis réalisées à partir de profils de prospects et de différentes garanties demandées auprès des principaux assureurs français. L’indice des prix est établi sur la base d’une moyenne de trois sous indices des prix de l’assurance santé, habitation et automobile, pondérée par leur part respective dans les dépenses des ménages. Au mois d’août 2022, l’indice Insee de l’évolution du prix de l’assurance fait état d’une hausse de 1,7 % du prix de l’assurance sur un an, un pourcentage bien inférieur à l’inflation des prix à la consommation, fixée sur la même période à 5,9% par l’Insee. Pour autant, la principale critique adressée à cet indice réside dans le fait qu’il se base uniquement sur des devis de nouveaux contrats : autrement dit, ils ne concernent que les primo assurés et ceux qui font valoir leur droit à la mobilité pour changer d’assureur. Les contrats en stock ne sont donc pas concernés par cet indice. « À travers ce mode de calcul, l’Insee évalue davantage les politiques marketing des assureurs que leurs politiques tarifaires », commente Cyrille Chartier-Kastler, président du cabinet de conseil Facts & Figures. Or, des différences tarifaires existent bel et bien entre les tarifs appliqués aux nouveaux clients, et ceux administrés aux clients déjà en portefeuille, signale le président du cabinet de conseil : « Bien souvent, les assureurs appliquent des majorations assez conséquentes sur les clients en portefeuille pour dégager de la marge qui servira à attirer via des tarifs concurrentiels de nouveaux clients. »

Signe de l’ampleur de la problématique, l’EIOPA a lancé une consultation l’été dernier sur cette tarification différenciée entre clients présentant des caractéristiques de risque similaires. « La consultation traitera de la question du "price walking", qui fait référence à la pratique consistant à augmenter les primes au stade du renouvellement », avait souligné l’EIOPA en juillet dans un communiqué annonçant la consultation. Des discussions sont en cours entre l’Insee et France assureurs pour renforcer la méthodologie de l’indice, affirme Sébastien Faivre, chef de la division prix à la consommation à l’Insee : « Nous voulons aller plus loin pour mieux refléter la réalité des tarifs. Pour cela, il faudrait que nous ayons accès à des données sur les contrats des assurés déjà clients, qui ne sont pas accessibles via des devis comme pour un nouvel assuré. Nous avons lancé un chantier avec France assureurs dans l’objectif d’avoir un indice des prix des assurances qui reflète le mieux possible la dépense des consommateurs. »

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