Thierry Masurel, directeur opérations compliance monde FM Global
journaliste
« Mieux vaut prévenir que guérir », l’adage s’adapte parfaitement à la philosophie de FM Global qui avec son livre blanc « Faire face aux forces de la nature » entend démontrer aux décideurs financiers que la prévention est essentielle à la pérennité de leur entreprise, surtout face aux catastrophes naturelles.
Les directeurs financiers doivent-ils être sensibilisés aux effets des catastrophes naturelles ?
Tout à fait, notre livre blanc, « Faire face aux forces de la nature », est justement consacré à cette problématique. L’objectif de ce document est de sensibiliser les directeurs financiers à l’impact certain des catastrophes naturelles sur les résultats de leur entreprise, d’ailleurs souvent plus conséquent que ce qu’ils imaginent. Les catastrophes naturelles n’arrivent pas qu’aux autres, la question n’est d’ailleurs pas de savoir si cela arrivera mais quand.
Notre livre blanc se concentre sur les Etats-Unis mais ses conclusions sont applicables au monde entier. Les événements climatiques que les Français ont rencontrés (canicule, sécheresse, etc.) en témoignent. Les experts météo nous ont prévenus : ces phénomènes vont se généraliser et se multiplier. Il est indispensable que nos clients soient conscients qu’il est difficile et dangereux d’ignorer le réchauffement climatique et l’augmentation de l’occurrence des événements naturels.
Quelles recommandations faites-vous ?
FM Global est une entreprise qui ne fait que du dommage. Nous avons ainsi développé énormément d’outils avec nos ingénieurs pour permettre à nos clients d’établir une stratégie de prévention optimale et d’expliquer quels sont les sites les plus exposés, les différents types et les niveaux d’expositions. Nous proposons aux entreprises toutes les informations et recommandations pour limiter les dégâts en cas de sinistre de telle sorte qu’il n’est plus possible pour un directeur financier de dire qu’il ne savait pas.
Il y a deux ans, nous avons développé une carte d’inondation mondiale globale. Ces cartes existaient déjà dans la plupart des pays développés très industrialisés mais beaucoup d’autres régions, comme l’Asie ou l’Afrique, en manquaient. Elles permettent à nos ingénieurs et à nos clients de savoir si leurs sites sont situés dans des zones inondables. Nous les informons et ensuite leur proposons des solutions pour prévenir l’ampleur des sinistres en cas d’événement climatique. Beaucoup de choses peuvent être faites, parfois très simples, pour réduire drastiquement son exposition aux risques.
Nous savons que, statistiquement, en cas d’ouragan, les clients qui ont suivi nos recommandations enregistrent des sinistres bien plus faibles que les autres. De plus, le coût de l’amélioration du risque est en général inférieur à 1 % du coût du sinistre potentiel. Ce sont des retours sur investissement qui font sens.
Comment FM Global accompagne ses clients dans les démarches d’amélioration du risque et de prévention ?
La première chose que l’on fait est d’identifier les sites à risques. Ensuite, nos ingénieurs se rendent sur place pour essayer d’anticiper quels sont les risques et les dommages potentiels. La plupart des sinistres peuvent être évités en prenant un certain nombre de précautions. Nous recommandons des solutions techniques. L’accompagnement de nos assurés en amont leur permet de réduire au maximum le risque.
La plupart des grands groupes industriels ont une présence mondiale : une augmentation de la fréquence des ouragans ou des typhons peut impacter toutes les entreprises qui ont des sites sur ces zones-là. Lorsque les clients décident de construire de nouveaux sites, l’analyse que nous réalisons préalablement permet d’identifier les zones les plus adaptées, à savoir non exposées aux catastrophes naturelles, ou, le cas échéant, les différents dispositifs à mettre en place pour s’assurer une résilience maximale.
Quelle est votre réponse quand un de vos assurés refuse de suivre vos recommandations ?
L’objectif pour nous est de les convaincre qu’ils sont exposés, qu’ils le veuillent ou non, et qu’ils sont les premiers pénalisés en cas de sinistre. Nous n’allons pas multiplier la prime par trois, nous allons plutôt essayer de convaincre le client en utilisant nos outils. Nous sommes, par exemple, en train de développer des produits qui nous permettent de mesurer l’impact des sinistres sur les résultats des entreprises. Un directeur financier insensible à de tels arguments n’est peut-être pas le meilleur partenaire pour FM Global.
Après un sinistre majeur, un tiers des entreprises ne s’en relève pas, un tiers meurt dans les trois ans et seulement un tiers s’en remet de façon pérenne. Notre objectif est de faire en sorte qu’après un sinistre majeur toutes nos entreprises soient dans le tiers gagnant.
Si un client n’est pas intéressé par l’amélioration du risque et la résilience de son entreprise, alors notre collaboration peut être remise en question. En effet, en tant que mutuelle, nous ne sommes peut-être pas le meilleur assureur pour l’accompagner.
Avez-vous déjà été amené à résilier des risques du fait de l’absence de prise en compte de vos recommandations ?
Oui, ce n’est pas nouveau. On considère que la résilience est un choix, ce sont des choses dont on discute régulièrement avec nos clients. Il nous est arrivé de conclure que nous avions des visions divergentes et que cela ne faisait plus beaucoup de sens de travailler ensemble. C’est quelque chose que tout le monde fait. C’est une décision commune, un « divorce à l’amiable ».
La résilience est une valeur fondamentale pour FM Global ?
Tout à fait. Pour nous la résilience est un choix et nos clients font le choix de cette résilience. C’est un gage de pérennité pour toute entreprise. L’ensemble des recherches et analyses que nous réalisons, dans le cas de notre livre blanc par exemple, nous permet de confirmer et démontrer que la pérennité d’une entreprise est fortement menacée suite à un sinistre. Et les conséquences peuvent être encore plus dramatiques pour les plus petites entreprises, à comparer à une seule usine d’un grand groupe qui serait endommagée.
Comment êtes-vous préparé pour les renouvellements à venir ?
Nous avons des discussions au cas par cas avec nos clients pour parler du renouvellement. Nous mettons en exergue la totalité des paramètres potentiels : l’historique de la sinistralité, la vitesse du plan d’amélioration des risques, l’amélioration des risques anticipés, le bon niveau de la prévention, l’évolution de l’entreprise, le type d’activité… Nous arrivons à peu près systématiquement à trouver des solutions pour prolonger la relation. Nous ne perdons pas les clients qui veulent devenir résilients et s’en donnent les moyens, nous trouvons des solutions pour travailler ensemble. Les termes et conditions doivent être équitables pour le client comme pour l’assureur.
FM Global ne privilégie pas la co-assurance, pourquoi cette stratégie de souscription des risques à 100 % ?
En tant qu’ingénieurs, nous sommes convaincus que la majorité des sinistres peut être évitée et avons énormément de capacités disponibles. En tant que mutuelle, nous pouvons raisonner sur le long terme. Une mauvaise année n’a rien de dramatique et lorsque nous croyons au risque nous en prenons la totalité lorsque cela est possible. En effet, nous sommes une des plus grosses capacités du marché et sommes capables de la développer dans la plupart des cas à 100 %.
Nous avons nos propres régleurs de sinistre et faisons tout pour que le sinistre n’arrive pas mais le cas échéant, nous faisons en sorte que nos clients repartent le plus vite possible.