Après l’abandon du rapprochement entre Aon et Willis Towers, l’avenir de Gras Savoye demeure en suspens.
Journaliste
C’est l’histoire d’une union à 30 Md$ qui devait redistribuer les cartes du courtage mondial mais aussi français. En rachetant Willis Towers (numéro trois mondial du courtage d’assurance), Aon, numéro deux du secteur, pensait pouvoir s’installer sur la plus haute marche du podium. Il reste que le mariage est officiellement tombé à l’eau en juillet dernier, malgré un accord de principe de la Commission européenne, suite notamment à un recours cet été du département de la Justice américain qui redoutait que le rapprochement ne conduise à « éliminer la concurrence, augmenter les prix et réduire les innovations ». Mais beaucoup ont vu dans cette procédure du DOJ une forme de retorsion prise par l’administration Biden, engagée dans une vaste lutte contre l’optimisation fiscale, à l’encontre de ces deux opérateurs nés aux Etats-Unis et cotés à Wall Street, et qui ont fait déménager leur siège social à Londres pour Aon et en Irlande pour Willis Towers, notamment pour raisons fiscales.
Vers une bataille à trois ?
Filiale française de Willis Towers depuis 2015, Gras Savoye se trouve dès lors dans l’expectative. Elle était initialement pressentie pour être reprise par Arthur J. Gallagher, principalement ses activités dommages dans le cadre du plan négocié dans le cadre de la fusion Aon Willis avec la Commission européenne.
Selon nos informations, le britannique Hyperion (près de 800 M€ de chiffre d’affaires fin 2019) serait intéressé pour racheter Gras Savoye. Le groupe de courtage britannique est à la recherche depuis des années d’opportunités sur le marché français.
Des rumeurs de marché évoquent également deux autres hypothèses. Verlingue (189 M€ de chiffre d’affaires fin 2020) serait intéressé selon un bon connaisseur du secteur. Quant au courtier américain Arthur J. Gallagher, il pourrait également présenter une nouvelle offre. D'autant que le courtier américain vient de racheter Willis Re pour près de 3,25 Md$.
Enfin, l’hypothèse d’un maintien de Gras Savoye dans le giron de Willis Towers n’est pas à exclure selon un expert du marché : « Tout dépendra des ambitions stratégiques de Willis pour le futur. Soit ils se concentrent sur le conseil et ils cèderont Gras Savoye, soit ils se maintiennent sur le courtage et décideront de garder leur filiale française. »