Porté par son modèle économique diversifié, le groupe Finare poursuit sa croissance, capitalisant sur son savoir-faire digital dans ses activités d’assurance. Affichant de bonnes performances pour l’exercice 2023, le groupe s’apprête à lancer de nouveaux produits et à relocaliser sa compagnie d’assurance Insurem. Plongée détaillée dans ces évolutions stratégiques en compagnie du PDG du groupe Karim Irouche.
Quelles sont les projections de croissance du groupe Finare pour l’année ?
Globalement, notre objectif initial tablait sur une fourchette de croissance de 15 à 20 %, en comparaison avec notre chiffre d’affaires 2022 de 115 M€. Notre croissance se situera plutôt entre 25 et 30 % sur l’ensemble de l’année, soit un chiffre d’affaires 2023 supérieur ou égal à 145 M€.
Quels ont été les ressorts de cette croissance ?
En ce qui concerne nos produits, notre positionnement sur des branches telles que l’assurance santé et l’assurance animale a été fructueux. Malgré un ralentissement observé au cours des deux dernières années, principalement imputable à l’émergence d’InsurTech sur le marché, nous avons maintenu notre rentabilité, regagnant des parts de marché en 2023. La forte hausse des taux d’intérêt a pris le secteur par surprise, en particulier les opérateurs ayant besoin de financer leur développement, et nous a bénéficié, le groupe ayant toujours été rentable sans recours excessif à la dette. Les difficultés de rentabilité que vivent actuellement les InsurTech renforcent notre positionnement. D’autre part, notre engagement technologique demeure significatif, en témoigne notre reconnaissance en tant que meilleur site d’assurance 2023 par Google. Cette distinction s’est traduite par une augmentation notable de nos parts de marché et une croissance soutenue sur le front du digital. En outre et en dépit des critères de recrutement plus stricts des courtiers partenaires, notre groupe maintient une croissance robuste dans le courtage pour ses entités intermédiées que sont ECA assurances et Coverity.
Quels sont vos principaux leviers de développement ?
Cette année, notre croissance repose en grande partie sur le courtage grossiste avec ECA assurances et Coverity, mais aussi la compagnie d’assurance avec Insurem et les services à l’assurance avec Teletech international. Par exemple, Coverity devrait connaître une croissance de près de 80 % cette année.
Pourquoi la relocalisation d’Insurem en France prend-elle du retard ?
Créée il y a quatre ans à Malte, Insurem avait pour objectif de distribuer des produits en LPS à travers plusieurs pays européens. En raison des implications de la pandémie, nous avons dû ajuster notre stratégie et nous recentrer sur le marché français. Nous avons alors décidé il y a plus d’un an et demi de relocaliser Insurem en France sous l’autorité de l’ACPR. Cependant, le processus devant s’achever cet été s’est avéré plus lent que prévu et ne devrait être finalisé que ces prochains jours.
En quoi consiste votre expérience actuelle d’intelligence artificielle ?
Nous effectuons actuellement des tests initiaux et prévoyons de déployer la solution complètement en début d’année, en commençant par des sinistres simples tels que ceux liés à l’assurance animale, une de nos spécialités. Une avancée notable de notre offre est la possibilité pour un client possédant un contrat d’assurance animale de soumettre une facture qui grâce à l’IA, et la technologie OCR est traitée automatiquement sans intervention humaine. Le remboursement est effectif en trente secondes. Cette automatisation inclut la vérification de l’effectivité du contrat, l’analyse des factures, la consultation des garanties, le calcul et, jusqu’à un certain montant, l’acceptation automatique avec génération du paiement sur le compte du client.
Et sur le front des produits ?
ECA assurances vient de lancer un produit d’assurance santé destiné aux seniors qui devrait rapidement conquérir son public. Actuellement, nous observons une rapide augmentation des prix, stimulée par le 100 % santé et la résiliation infra-annuelle (RIA), et notre modèle nous permet de maintenir des prix compétitifs et d’être bien positionnés. En parallèle, nous avons introduit une assurance vélo, en phase de test depuis octobre, avec l’intention de la déployer non seulement en ligne, mais également au sein de nos réseaux de courtiers l’année prochaine. En collective, une nouvelle gamme standard santé et prévoyance, impliquant divers assureurs, est en cours de développement.
Pourriez-vous indiquer les principaux défis du cadre réglementaire afférent au courtage ?
Nous évoluons dans un contexte d’une rigueur exceptionnelle, où deux ou trois thèmes sont discutés de manière récurrente. En ce qui concerne le courtage grossiste, sujet sous étroite surveillance, l’ACPR et le Trésor soulignent la nécessité d’une surveillance plus approfondie du réseau. La mise en place des associations d’autorégulation devrait simplifier cette démarche. Il est à prévoir une accélération de la mise en conformité des réseaux à travers ces associations créées à la suite de la réforme du courtage de 2021. Un focus particulier a récemment été mis en lumière par l’ACPR et l’AMF, portant sur le public fragile, incluant les seniors ainsi que les personnes sous tutelles ou curatelles. Bien que des initiatives aient déjà été entreprises, il est impératif de renforcer ces actions. Des préoccupations émergent aujourd’hui autour du consentement éclairé, nécessitant une vigilance accrue autour du devoir de conseil. Un autre point d’attention distinct de la RIS concerne les commissions autour de l’escompte et du précompte. Il est indéniable que nous évoluons dans un contexte difficile, notamment en santé, où le 100 % santé et la RIA complexifient la rentabilité et exigent une révision en profondeur des modèles économiques.