Catherine Hélaine, associée de Colombus Consulting
« Le lancement de Digital Factories internes dans l’assurance est soutenu et s’inspire des exemples bancaires qui marchent. Regardez la technopole Les Dunes de la Société générale (à Val-de-Fontenay, Val-de-Marne). Les métiers y accélèrent la digitalisation de leurs processus dans un hub dédié, en quelques séances de travail. L’objectif est de prendre la main sur des projets qui auparavant auraient été gérés de A à Z par des entreprises de services du numérique (ESN). La valeur du chantier devient un critère important de discrimination. Le mode de travail sous-jacent développe les compétences des collaborateurs internes, au contact des pratiques de l’ESN. Pour les assureurs, on aboutit à une livraison rapide de projets et à une meilleure prise en compte des besoins utilisateurs. En prime, on assiste à une acculturation progressive de la compagnie qui voit bouger les lignes de la conduite de projets. »
Djamel Souami, directeur associé, assurance et protection sociale - Micropole
« CNP assurances, premier assureur vie du marché, s’est très tôt engagé dans sa transformation digitale : Open CNP, un fond d’investissement dans les jeunes pousses, l’Observatoire de la génération Y, mais aussi Lyfe, une plate-forme d’agrégation de services en BtoBtoC, et beaucoup d’autres initiatives, qui vont bien au-delà de la simple expérimentation, jalonnent cette mutation. En résumé, un acteur historique comme CNP effectue sa mue en mixant interne et externe. Et ça semble marcher pour eux. En revanche, au-delà de réussites ponctuelles, toujours possibles, je suis très réservé sur la démarche consistant à créer des start-up 100 % internes, car les acteurs de l’assurance, comme la majorité des entreprises, sont soumis à la logique traditionnelle du ROI. Habituellement, un projet n’est engagé que si un retour sur investissement est démontré. Or, beaucoup d’initiatives à leur lancement ne sont pas viables. Si les GAFA avaient dû passer au filtre du ROI... Ma conviction est qu’il faut mixer culture interne traditionnelle, qui porte l’ADN des assureurs, avec innovation créatrice des InsurTech et autres cabinets de conseils spécialisés dans la transformation. Ainsi, les assureurs ne risquent pas d’investir à perte : s’ils réussissent, très bien, et s’ils échouent, ils auront appris et cet apprentissage restera dans l’entreprise. Avec la solution intrapreneurs, les risques sont mesurés et les réussites partagées. »