Michel Ranise, directeur général de Munich Re France

« En Europe, la réassurance est actuellement sur un plateau baissier »

Publié le 4 septembre 2025 à 9h00

Geneviève Allaire    Temps de lecture 5 minutes

À l’occasion de la 67e édition des Rendez-vous de septembre (RVS) du 6 au 10 septembre, véritable coup d’envoi des renouvellements de 2026, La Tribune de l'assurance fait le point sur l’actualité de la réassurance avec Michel Ranise, directeur général de Munich Re France et responsable des marchés pour la France, la Belgique et le Luxembourg.

Comment se sont déroulés les renouvellements des contrats de la mi-2025 sur le marché français ?

Les renouvellements intervenant en milieu d’année concernent essentiellement des marchés hors Europe. Pour la France, les renouvellements prennent effet au 1er janvier et les négociations finales entre assureurs, réassureurs et courtiers se déroulent en fin d’année précédente. À propos des renouvellements de 2025, Munich Re a consolidé ses positions dans l’Hexagone. Le marché a été globalement stable en matière de prix et de conditions contractuelles. Même si, en Europe, la réassurance est actuellement sur un plateau baissier, il ne s’agit pas à nos yeux et à ce stade d’un retournement de cycle. En règle générale, le marché de la réassurance est constitué de cycles baissiers plutôt longs et de cycles haussiers plutôt courts. Un retournement de marché s’est produit en 2023 avec un resserrement des conditions et des hausses de tarifs, rétablissant un niveau technique tarifaire adéquat au développement de la sinistralité.

En 2023, les réassureurs avaient revu à la baisse leurs expositions aux périls secondaires. Qu’en est-il pour Munich Re sur ce point ?

La position de Munich Re est constante. Nous sommes prêts à assumer une partie des périls dits secondaires si les données fournies par les assureurs sont suffisantes pour évaluer les risques, et en échange d’un prix techniquement adéquat, c’est-à-dire nous permettant de faire face à la sinistralité et à son évolution sur le moyen terme. Toutefois, la probabilité de réalisation de ces risques ne doit pas se situer à une fréquence trop élevée car, du point de vue de Munich Re, ce n’est pas le rôle de la réassurance de porter des événements d’une telle récurrence. La sinistralité des périls dits secondaires est marquée ces dernières années par une évolution constante à la hausse en termes de fréquence et d’intensité, ce qui nous amène à revoir régulièrement les conditions de réassurance.

En France, la demande de réassurance de la part des assureurs primaires continue-t-elle d’augmenter malgré le ralentissement de la croissance économique ?

Oui, la demande de réassurance poursuit sa hausse. Il est possible que nous ressentions les effets du ralentissement économique d’ici quelque temps car le besoin de réassurance peut effectivement varier en fonction de la conjoncture économique. La création de valeurs supplémentaires génère un besoin accru en assurance et, par là même, en réassurance. Indépendamment de ce phénomène, et comme décrit plus haut, les développements de la charge de sinistres sur certains périls entraînent un accroissement du besoin de couverture en réassurance. Du côté des cédantes, il y a un équilibre à trouver entre leur capacité à conserver les risques, le bénéfice économique du transfert de ces risques et les appétits du marché de la réassurance. Les besoins de réassurance évoluent en fonction de ces paramètres. Aujourd’hui, après la diminution drastique des aggregates depuis 2023, les cédantes expriment une demande pour couvrir une partie de ce qui était pris en charge par ces couvertures [les réassureurs se sont désengagés depuis 2023 des couvertures aggregates qui permettent de couvrir le cumul d’événements, NDLR].

Depuis début 2025, y a-t-il eu des événements climatiques d’envergure sur le territoire français ?

La sinistralité causée par les événements naturels au niveau mondial a été importante au cours du premier semestre 2025, avec une activité en sinistres totaux et assurés significativement supérieure à celle de la moyenne des dix et des trente dernières années. En France, le cyclone Garance qui a touché La Réunion fin février a été un événement important par son intensité et ses impacts sociaux et économiques. Par ailleurs, la fréquence d’événements moyens reste élevée, avec des inondations et des épisodes de grêle ayant touché le territoire dans les six derniers mois, dont celui de début mai qui s’est produit sur la région parisienne, zone où il y a de grandes concentrations de valeurs.

La ligne d’affaires cyber poursuit-elle son développement en France ?

L’assurance contre les risques cyber est bien installée dans l’Hexagone chez les grands comptes et dans les ETI. Pour ce qui est des PME et des TPE, l’offre d’assurance existe et les besoins de protection des entreprises contre ce risque sont assez variables d’un secteur à l’autre. La progression de l’assurance cyber sur ces segments est néanmoins plus lente en France que dans d’autres pays européens comme l’Italie, l’Allemagne ou la Grande-Bretagne. Cela tient à deux raisons : en premier lieu, l’offre d’assurance cyber doit être en meilleure adéquation avec la demande. En second lieu, nous avons observé auprès des assurés potentiels une sensibilité très différente au risque cyber selon les secteurs d’activité, ceux qui traitent des données personnelles étant nettement plus conscients de la nécessité de se prémunir de ces risques. Avec ses partenaires assureurs, Munich Re travaille à affiner les propositions d’assurance pour contribuer à développer cette ligne d’affaires dans l’Hexagone à moyen terme.

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