Guillaume Pierron, DG adjoint assurance vie individuelle, Groupama Gan vie

« Du fait de carrières hachées, les femmes ont besoin d’un accompagnement spécifique pour leur retraite »

Publié le 24 mars 2022 à 10h00

Juliette Lerond-Dupuy    Temps de lecture 5 minutes

Le 8 mars est l’occasion chaque année de mettre en lumière les actions contre les inégalités hommes/femmes. En épargne, le directeur adjoint de Groupama Gan vie revient sur les enjeux d’une attention plus poussée sur la retraite des femmes.

Quelle est la répartition hommes/femmes de votre portefeuille retraite ?

Il se compose de 58 % d’hommes et de 42 % de femmes. Sans vouloir faire de la sociologie de bas étage, force est de constater que ce sont plus traditionnellement les hommes qui s’occupent des finances du couple et qui ont les revenus les plus élevés. Par conséquent, ils souscrivent souvent un contrat à leur nom. Le message que l’on fait passer à nos commerciaux est donc le suivant : conseillez toujours l’ouverture d’un autre PERin pour la deuxième personne du couple. Car en cas de séparation, les choses se compliquent : pour un couple marié, l’épargne collectée fait partie du partage, mais la femme n’aura pas bénéficié des avantages fiscaux liés au PERin. Si chacun dispose de son épargne, le partage est facilité et les droits acquis ne sont pas remis en cause. Le fait que les femmes soient moins impliquées dans la gestion patrimoniale est vraiment regrettable car la plupart du temps leurs revenus à la retraite sont moins élevés que ceux des hommes.

Que fait Groupama Gan vie face à cela ?

Nous n’avons pas de produit retraite genré, dédié aux femmes. La différence doit se faire au niveau du conseil. Les femmes, du fait de carrières plus hachées (périodes d’inactivité, temps partiel…), de leur évolution salariale ou de facteurs sociétaux, ont souvent besoin d’un accompagnement plus spécifique que les hommes. Beaucoup de mécanismes compensateurs et avantageux existent, mais ils restent méconnus des principales intéressées.

Cette situation n’est pas nouvelle, pourquoi s’y intéresser maintenant ?

Nous avons fait de la retraite un sujet majeur il y cinq ans, car elle nous apparaissait alors comme une thématique d’avenir dans la constitution du patrimoine de nos clients. Et la loi Pacte est venue accélérer cette démarche. Depuis cinq ans donc, nous nous approprions le sujet, nous avançons progressivement. Au début, nous vendions surtout des produits retraite aux professionnels, via Gan, mais pas en grande quantité. En chiffre d’affaires, nous sommes passés d’un peu moins de 500 M€ en 2018 à 770 M€ en 2021. L'activité retraite a augmenté de 50 % en trois ans, avec une explosion au moment de la loi Pacte. Cet indicateur est d’autant plus impressionnant que c’est principalement de la prime périodique, donc on constate une très forte inertie du portefeuille. En termes de production, il faut plutôt multiplier par 2 ou 3 selon les réseaux, notamment au niveau des caisses régionales, où cela peut être multiplié par 3 sur les mêmes périodes.

Comment se traduit votre collaboration avec la FinTech Sapiendo ?

L’accompagnement de nos clients a toujours été très important pour nous, la retraite étant un sujet hautement complexe et anxiogène. C’est pour cette raison que nous avons noué en 2017 un partenariat avec cette FinTech qui nous aide beaucoup dans la connaissance de tous ces mécanismes. Valérie Batigne, sa fondatrice et présidente, est d’ailleurs très investie dans la retraite des femmes. Sapiendo fait non seulement du conseil mais aussi de l’analyse de RIS, le relevé individuel de situation, que l’État envoie à chacun à partir de 45 ans. Or, ce relevé contient souvent des erreurs, et plus les carrières sont compliquées, plus il y en a. Enfin, Sapiendo nous aide pour le contenu de notre site, « Ma Nouvelle vie commence ici », et pour la pédagogie auprès de nos réseaux. On offre des diagnostics à nos clients ou on les oriente vers Sapiendo s’ils ont des carrières compliquées ou spécifiques.

Les femmes sont-elles plus sujettes à ces erreurs ?

Ce n’est pas lié au fait qu’elles soient des femmes, mais bien parce qu’elles ont souvent des carrières plus compliquées que celles des hommes, marquées par des périodes d’inactivité dues aux congés maternité, par des temps partiels entraînant des nombres d’heures insuffisants pour acquérir un trimestre, et par des employeurs multiples, notamment dans le secteur de l’aide à domicile, de la petite enfance ou de l'entretien. Plus vous multipliez ce genre de situations, plus le risque d’erreur augmente.

Quels ont été les résultats 2021 du groupe en épargne ?

Au-delà de la progression de l’activité du groupe Groupama de 10,6 % en assurance de la personne, nous sommes à +38 % en épargne par rapport à 2020 et à +16 % en retraite. On constate d’ailleurs d’excellentes performances sur le marché entre 2020 et 2021. Mais si l’on regarde notre progression par rapport à 2019, nous sommes à +16 % en assurance vie individuelle, à +26 % en épargne et à +33 % en retraite. Il s’agit pour nous d’une tendance de fond, due notamment à l’accompagnement de nos clients et à la rénovation de nos offres. Nous espérons que cette augmentation sera pérenne. Concernant les résultats 2022, la guerre en Ukraine rebat un peu les cartes mais le début d’année était bon.

Dépêches

Chargement en cours...

Dans la même rubrique

« En France, Allianz Trade a un service de proximité qui fait sa force »

Le président du comité exécutif d’Allianz Trade en France, Laurent Treilhes, dresse un bilan 2023...

Résultat record pour Covéa

Le groupe Covéa affiche un résultat net 2023 historique de 1,5 Md€, bénéficiant à plein de...

« Le risque dépendance n’est pas pris en compte dans la réforme de la PSC des agents publics »

Le dirigeant de la Mutualité fonction publique (MFP) revient sur la problématique de la prise en...

Voir plus

Chargement en cours...