Philippe Puigventos, président de Diot-Siaci crédit

« Diot-Siaci crédit veut sortir le courtage spécialisé de sa forte culture produit »

Publié le 12 janvier 2023 à 9h00

Nessim Ben Gharbia    Temps de lecture 4 minutes

Le président de Diot-Siaci crédit analyse les perspectives du marché français de l’assurance-crédit et commente le rapprochement avec Urios.

Quelles sont les raisons stratégiques de votre rapprochement avec Urios ?

Notre ambition est de sortir le courtage spécialisé de sa très forte culture produit, conséquence de la structuration du marché autour d’un oligopole. Les entreprises attendent désormais de leur courtier un vrai rôle de conseil, qu’il trouve des solutions de couverture ou des outils contribuant à la prévention des risques. Diot-Siaci crédit était déjà actionnaire d’une société commercialisant une offre d’information de qualité, dans le secteur du BTP (Garnem). Les dirigeants d’Urios, au premier rang Didier et Adeline Monteiro, ont su apporter des solutions innovantes dans un marché très conservateur. Urios produit une information à forte valeur ajoutée, grâce à de nombreux analystes, ce qui permet de trouver des placements de risques (top up, single risk…) en s’appuyant sur des assureurs de premier rang, et de trouver des solutions pour des risques médians, et pour des besoins de financement, notamment en reverse factoring. Cette innovation et cette expertise sont des atouts pour notre groupe et pour la complémentarité de l’offre de Diot-Siaci crédit. Je suis ravi que le management d’Urios nous accompagne dans cette nouvelle étape de notre projet de croissance, au bénéfice des clients qui ont besoin de courtiers innovants et entreprenants.

Quelles sont les perspectives du marché français de l’assurance-crédit en 2023 ?

Avec l’émergence de la crise liée à l’épidémie de Covid-19, le marché français de l’assurance-crédit s’est trouvé déstabilisé par l’intervention très substantielle des pouvoirs publics : apport de liquidités aux entreprises, mesures de chômage partiel, réassurance publique, suspension des procédures en cessation de paiement auprès des tribunaux de commerce…, avec pour conséquence un niveau de défaillances d’entreprises qui n’a jamais été aussi bas.

Avec la fin du quoi qu’il en coûte, les remboursements de PGE, l’inflation notamment des prix de l’énergie, l’augmentation des taux d’intérêt, les besoins de liquidité des entreprises et le nombre de défauts de paiement sont en forte hausse. Le niveau de sinistralité des assureurs-crédit reste encore très acceptable mais la forte progression des défauts pourrait conduire à des actions de prévention, qui se traduiraient par des réductions de garanties. Si les pouvoirs publics ont déjà pris des mesures pour soutenir les entreprises face à la forte hausse de leur facture énergétique, dans certains secteurs la situation devient très tendue.

Y a-t-il des secteurs sous haute surveillance ?

Tous les secteurs sont concernés par la croissance plus faible et le besoin de reporter la hausse des matières premières, mais nous sentons des tensions plus fortes dans les secteurs du BTP et de la distribution spécialisée. Nous avons mis en place une surveillance sectorielle des entreprises et publions trimestriellement un baromètre unique sur l’appétit du risque des assureurs crédit. Il s’appuie sur la surveillance de plus de 100 Md€ de garanties, tous assureurs crédit confondus. Ce baromètre est devenu un document de référence très attendu par les pouvoirs publics.

Quelle sera votre stratégie de renouvellement 2023 ?

Nous avons une stratégie de renouvellement adaptée à la situation de notre marché, à la configuration de chaque client. Nous anticipons des tensions sur les prix et sur les garanties, notre enjeu est de préserver nos clients de trop grandes variations sur ces deux critères, sachant que les assureurs ont connu une sinistralité historiquement basse entre 2021 et 2022.

Dépêches

Chargement en cours...

Dans la même rubrique

« Il est peu vraisemblable qu’une seule partie soit responsabilisée à 100 % »

Bertrand Faurisson, directeur du département corps, P&I et risques de constructions maritimes du...

Les Français moins méfiants face à l’IA dans l’assurance

Guidewire publie la cinquième édition de son étude sur les habitudes, les pratiques et la perception...

« Assuréa devient un véritable courtier multispécialiste »

Entretien avec Frédéric Guez, président d’Assuréa. Les courtiers grossistes Assuréa (spécialiste de...

Voir plus

Chargement en cours...

Chargement…