Allocation d'actifs

Des obligations souveraines

Publié le 2 juillet 2021 à 8h00    Mis à jour le 2 juillet 2021 à 9h10

Séverine Leboucher

Avec des taux bas voire négatifs, mais qui remontent sensiblement depuis le début de l’année, les assureurs cherchent le bon équilibre pour leur allocation vers la dette d’Etat.

Séverine Leboucher
journaliste

L’amélioration de la situation sur le front sanitaire et économique a poussé, depuis le début de l’année, les taux d’intérêt à long terme à la hausse. Le taux à dix ans français a gagné près de 0,50 % en six mois, repassant en territoire positif. Le taux allemand a progressé de plus de 0,30 % et le taux américain, de près de 0,60 %. Ces hausses de taux sont généralement synonymes de moins-values pour les investisseurs riches en obligations. Mais les assureurs français, dont l’actif général est composé à plus de 30 % de dettes souveraines, semblent, à ce stade, assez immunisés. « Certes, la hausse des taux dévalorise les titres d’Etat mais ces derniers sont comptabilisés dans le bilan des assureurs non pas en valeur de marché mais en coût historique : ils n’enregistrent donc pas de moins-values. Les obligations ne sont pas à risque tant que l'on n'est pas obligé de les vendre », décrypte Franck Nicolas, responsable des solutions clients pour la France chez BNP Paribas Asset Management. Au contraire, cette évolution paraît assez salutaire. « Une hausse limitée des taux est plutôt une source de soulagement car elle nous donne accès à des rendements supérieurs », témoigne Mikaël Cohen, directeur de la gestion financière et des investissements de Groupama.

De fait, les taux nuls voire négatifs des emprunts d’Etat sont très problématiques pour les assureurs qui peuvent difficilement s’en passer dans leurs allocations d’actifs. Outre leur pondération à zéro sous Solvabilité II, ces actifs ont bien des atouts. « Nous devons investir à long terme pour adosser la duration de notre actif à celle de notre passif et il est en général difficile d’avoir une visibilité à plus de dix ans sur le risque de crédit des entreprises. Sur ce plan, les titres d’Etat sont plus adaptés, détaille Mikaël Cohen. Ils sont aussi plus liquides. C’est pourquoi une part importante de nos flux d’achats obligataires longs se dirige toujours vers le souverain malgré les taux bas. »

La situation reste toutefois sous surveillance. « Si la hausse des taux que l’on constate depuis le début d’année, en rupture par rapport aux tendances de la décennie passée, devenait plus soutenue et durable, il pourrait y avoir des rachats sur les fonds en euros de la part des clients, prévient Franck Nicolas. Ces derniers seraient en effet tentés de se tourner vers de nouveaux contrats mieux rémunérés car constitués uniquement de titres au rendement élevé. » L’autre point de vigilance tient à l’inflation : elle a atteint 2 % en mai en zone euro. « On sent une inquiétude monter autour de l’inflation : la peur de la démonétisation de la dette publique revient dans l’esprit de certains assureurs, notamment en Allemagne où l’on constate d’ores et déjà une hausse de l’investissement en or », observe Charles Moussier, responsable EMEA des solutions d’investissement assurance chez Invesco. Si ces tendances se renforçaient, les assureurs, même français, pourraient être contraints de revoir plus en profondeur leur gestion d’actifs. Un scénario, pour l’instant, peu probable.

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