À l’issue du premier semestre 2022, Xavier Durand dresse le bilan de l’assureur crédit, et met en garde les entreprises contre un environnement de risques de plus en plus complexe et intense.
Quel bilan dressez-vous du premier semestre, marqué par la guerre en Ukraine et les différentes pénuries constatées ?
L’environnement économique a changé très rapidement au cours de la première moitié d’année : nous constatons de nouvelles interruptions des chaînes d’approvisionnement, une augmentation du prix des matières premières, une inflation qui affecte quasiment la totalité des secteurs que nous suivons, et désormais une remontée des taux. Le conflit en Ukraine a exacerbé les tensions et en a créé de nouvelles : l’environnement de risques est donc très complexe et intense. Dans ce contexte, il faut que les entreprises soient en capacité d’anticiper les risques, de les évaluer de manière dynamique et de se protéger. Pour autant, nous surfons sur la lancée de 2021 et notre premier semestre a été très bon : nous l’avons bouclé avec un résultat de 144 M€, avec plus de 16 % de croissance en termes de primes collectées. Notre chiffre d’affaires à l’issue du premier semestre 2022 s’établit ainsi à 895 M€. Enfin, notre ratio de solvabilité s'établit à 192 %.
Avez-vous quantifié l’impact de la guerre en Ukraine sur vos comptes ?
À fin février 2022, nos expositions en Russie et en Ukraine s’élevaient à 5 Md€. Nous avons fait preuve de beaucoup d’agilité et de réactivité puisque à fin juin, nous avons réduit ces expositions de l’ordre de 80 % à change constant, et ce en très forte collaboration avec nos clients. Notre activité en Russie consiste essentiellement à servir de grands clients internationaux qui ont des activités dans le pays. Une de nos missions importantes consiste à récupérer pour leur compte les sommes qui leur sont dues sur ce marché. Nous avons totalement arrêté la souscription d’affaires nouvelles dans le pays. Je considère que l’impact financier de la guerre en Ukraine a été relativement limité pour Coface, ce qui valide nos capacités d’ajustement. Par ailleurs, il y a bien sûr une part de réserve et de prudence dans nos comptes.
Quel est l’impact de l’inflation sur le risque d’impayés ?
Nous pouvons nous attendre à ce que le risque d’impayés augmente. Au fur et à mesure que les politiques des banques centrales deviennent moins accommodantes, la trésorerie des entreprises sera de plus en plus mise sous tension. Nous nous attendons donc à une hausse des défaillances des entreprises. Les niveaux de défaillance d’entreprises sont d’ailleurs déjà équivalents aux niveaux de 2019 en Espagne, ou supérieurs à ces niveaux au Royaume-Uni.
Quel enseignement tirez-vous de la crise de la Covid-19 ?
Le premier enseignement des années 2020 et 2021 réside dans notre bonne gestion de la crise, avec la mise en télétravail quasi immédiate des équipes dans le monde entier, le pilotage des risques qui s’est avéré robuste et le déploiement des plans gouvernementaux. Cette gestion efficace nous a permis de poursuivre l’ensemble des objectifs que nous nous étions fixés. En effet, nous avions présenté un plan stratégique en février 2020, quelques jours avant le déclenchement de la crise Covid. Nous n’avons pas dévié de ce plan et avons pu continuer à investir tout en restant très proches des clients. 2020 avait été une année record en termes d’affaires nouvelles et 2021 a été une année record au niveau des résultats générés, et ce en dépit des sommes significatives que nous avons dû reverser aux gouvernements dans le cadre des plans de soutien de l’économie. Il s’agit d’un succès pour l’entreprise, et cela confirme que la culture de proximité, d’agilité, et d’expertise que nous avons mise en place ces dernières années fonctionne et est très importante pour réaliser nos objectifs dans un environnement complexe.
Comment cela s’est-il traduit en chiffres ?
Notre chiffre d’affaires sur 2021 a été en hausse de 9,7 %, tiré par la forte reprise de l’économie mondiale et donc de l’activité de nos clients. Nous avons également enregistré une année exceptionnelle en termes de résultat net, à 223 M€. Enfin, notre ratio de sinistralité net s’est établi à 33,3 % en 2021, en dessous de notre cible.
Au-delà des résultats financiers, la rétention des clients s’est établie à 91,7 % pour 2021 et à 93,9 % à l’issue du 1er semestre 2022. Ces niveaux sont très élevés alors même que la plupart des contrats doivent être renouvelés chaque année. Ceci s’explique par la proximité que nous entretenons avec nos clients : nous avons doublé le nombre de contacts clients en 2021, alors que les incertitudes économiques étaient nombreuses.