Le 6 juin, Jean-François Cousin, dirigeant d’un cabinet familial dans le Nord-Pas-de-Calais, a été élu à la tête du syndicat Planète CSCA. Il se confie sur la campagne et sur ses premiers pas de président, tandis que le président sortant Bertrand de Surmont revient sur les projets de règlements européens RIS et Fida. Retrouvez l'intégralité de cet entretien dans le n°314 daté juillet-août de La Tribune de l'assurance.
Que retenez-vous de la campagne pour cette élection ?
Jean-François Cousin : Ma réponse est double. À titre personnel, cela a été un exercice révélateur et m’a permis de fendre l’armure. À titre collectif, je souhaite que l’on puisse se réjouir d’avoir su mener un débat démocratique lors duquel deux voies ont été proposées aux adhérents. Un débat permet d’enrichir mutuellement les positions des uns et des autres. Maintenant que la campagne est terminée, il est temps de se rassembler et il n’est pas question de laisser qui que ce soit sur le bord du chemin.
Vous étiez déjà président délégué du syndicat depuis 2024. Que vous a permis cette période ?
JFC : Je faisais précédemment partie du conseil national de Planète CSCA donc je participais depuis longtemps à la vie du syndicat, via les réunions mensuelles, mais c’est tout à fait différent de vivre le rythme quotidien, face à la multiplicité des sources d’information, des sollicitations et des sujets à traiter. Je n’avais aucun doute sur le fait que le quotidien était intense mais cette période de tuilage m’a permis de réaliser pleinement l’implication du mandat de président et la nécessité de s’y consacrer à 100 %. J’ai donc pu réfléchir en amont à l’organisation de mon cabinet pendant mon mandat.
Et si l’on considère la présidence déléguée comme une formation accélérée, comment choisit-on ses propres présidents délégués ?
JFC : On les choisit d’abord pour leur capacité à apporter des compétences clés au syndicat. J’ai fait le choix de partir sur deux profils complètement différents mais complémentaires. Fabrice Pesin est aujourd’hui chez un courtier grossiste [directeur général filiales et acquisitions du groupe Alptis, NDLR] mais son parcours auprès de la DG Trésor et de l’ACPR apporte des connaissances indispensables au syndicat. Quant à Karine Lazimi-Chouraqui, elle apporte une parité qui me tenait à cœur et qui ne peut être réduite à un acte symbolique car sa connaissance du courtage de proximité est essentielle pour nous.
Vous avez aussi été président du collège nord de Planète CSCA à partir de 2019.
JFC : Être impliqué dans un collège régional est une excellente école pour découvrir la vie d’un syndicat. Certains disent qu’on est à portée de baffe… Et c’est un peu vrai. On a toutes les remontées de terrain pratico-pratiques, les courtiers appellent pour se plaindre mais aussi pour avoir des explications. À moi de m’en servir maintenant dans mes fonctions de président et de retranscrire correctement les besoins des professionnels à mes interlocuteurs institutionnels. J’ai conscience du fossé qui existe entre le terrain et les institutionnels mais, lors de la session du Bipar début juin, j’ai aussi noté un fléchissement dans les positionnements. Dans certaines interventions, on a pu sentir la prise de conscience de l’importance du terrain : les « chatbots » et autres intelligences artificielles ne pourront pas tout et on a besoin d’un maillage local efficace pour porter les messages aux consommateurs.
Comment expliquez-vous cet infléchissement ?
JFC : Assez immodestement, je vous dirais que le message de Planète CSCA commence à infuser ! Je crois que le climat général nous sert un peu et que les grandes institutions commencent à comprendre qu’on ne peut pas tout faire avec des décisions très verticales.
Bertrand de Surmont : Prenons l’exemple du projet de directive RIS (Retail investment strategy) et de Fida (le projet de règlement européen sur l’accès aux données financières), deux sujets initiés il y a trois à quatre ans dans un contexte géopolitique différent. On a les arguments pour que les institutions reconnaissent que le monde a changé et qu’il pourrait être intéressant de retirer des projets de loi qui ne sont plus adaptés à la situation actuelle. Pour Fida, on comprend vite que le fait de laisser la porte ouverte à tous les grands opérateurs IT américains ne peut plus être d’actualité alors même que la souveraineté est le maître mot outre-Atlantique. En ce qui concerne RIS, le sujet est un peu différent mais ce texte est d’une complexité sans nom, alors qu’on travaille par ailleurs sur la simplification des processus réglementaires. C’est un cas d’école pour mettre en application la simplification, d’autant que RIS sort à un moment où la DDA n’a pas encore été évaluée.
JFC : Nous devons demander une pause claire pour évaluer ce qui est en place. La production réglementaire de ces dernières années est absolument indigeste.