Bertrand Vialle, PDG de Baloon

« Baloon se concentre sur une clientèle jusqu’ici négligée par les assureurs »

Publié le 21 septembre 2023 à 9h00

Mehdi ElAouni    Temps de lecture 3 minutes

Désormais présent dans six pays d’Afrique, l’AssurTech Baloon entend faire bouger les lignes de l’assurance locale en jouant la carte du conseil et de la proximité à travers une stratégie digitale et partenariale d'un nouveau genre. Revue des enjeux stratégiques avec son fondateur.

Quelle est votre vision de l'assurance en Afrique où Baloon évolue ?

Notre objectif principal est de rendre l’assurance accessible à un large public dans cette région où les taux d’assurance sont faibles. Nous nous concentrons sur un segment de clientèle jusqu’ici négligé par les assureurs et les courtiers. Notre approche innovante dans le digital permet aux utilisateurs de souscrire une assurance, par exemple pour un véhicule, en téléchargeant simplement trois photos : permis de conduire, carte grise du véhicule et carte d’identité, le tout avec un paiement en e-money. En Côte d’Ivoire, l’attestation d’assurance est dématérialisée, ce qui simplifie davantage le processus. L’objectif ultime de Baloon est de démocratiser l’assurance en y donnant accès à toutes les populations.

Quels sont vos marchés et qui sont vos partenaires ?

Actuellement nous comptons 90 collaborateurs dans 6 pays : Sénégal, Niger, Côte d'Ivoire, Cameroun, Gabon, ainsi que le Togo. Dans chacun de ces pays, nous réussissons à quasiment doubler notre chiffre d'affaires chaque année. En 2023, nous dépasserons 1,5 M€ de chiffre d’affaires, pour environ 10 M€ de primes encaissées. Cette expansion est alimentée en grande partie par notre modèle B2B2C, en particulier dans nos filiales clés, notamment la Côte d'Ivoire et le Sénégal. Un exemple concret est notre démarrage avec TotalEnergies au Cameroun et notre expansion prévue en Côte d'Ivoire. Nous avons pour principe de répliquer les expériences réussies d'un pays à l'autre afin de mutualiser les connaissances et d'accélérer notre croissance globale. Nos partenaires sont principalement des assureurs locaux comme Sanlam (Gabon, Cameroun et Côte d’ivoire), Comar, Caren, NSIA ou Amsa assurance… et des filiales de groupe internationaux comme Axa et Allianz. Nous avons aussi des partenariats avec Axa dans les systèmes d’informations et Oléa, notamment au Togo, utilise notre plate-forme pour proposer une offre en ligne aux particuliers.

Constatez-vous des différences entre les marchés africains ?

Comme dans l’assurance européenne, il existe d'importantes disparités. Chaque pays a ses spécificités, ses leviers et ses produits. En revanche, ces marchés connaissent une croissance significative, avec une augmentation globale des primes d'assurance de l'ordre de 20%. Grâce à nos partenaires, nous fournissons également des services complémentaires.

Que représentent ces services complémentaires dans votre activité ?

Nos services complémentaires représentent actuellement environ 10% de notre activité. Cela atteindra dans un avenir proche 30 à 50% de notre chiffre d'affaires. Nous développons différents partenariats pour diversifier nos modes de distribution, notamment avec une FinTech comptant plus de 15 millions d'utilisateurs récurrents par mois. 

Quels sont les pays dans lesquels vous souhaitez vous étendre désormais ?

Nous envisageons une expansion vers l’Afrique du Nord, en particulier le Maroc et la Tunisie. Notre stratégie consiste à accompagner davantage d’acteurs locaux via notre plate-forme. Plutôt que de créer une présence distincte de Baloon dans chaque pays, notre objectif est d’assister les acteurs locaux, qu’ils soient assureurs ou courtiers, en leur fournissant nos outils pour les aider à gagner entre trois et cinq ans dans leur développement et être à la pointe de la technologie.

Quelles ont été les conséquences de la Covid-19 et plus récemment des coups d’État sur votre développement ?

En 2020, malgré les fermetures d’assureurs et de banques, Baloon a maintenu son activité grâce au digital. Nous avons multiplié notre chiffre d’affaires par 2,5. Cette croissance n’a pas été sans risque, car nous venions d’ouvrir au Niger fin 2019 et au Gabon début 2020. Cette période nous a incité à revoir notre approche de travail, en mettant davantage l’accent sur l’utilisation de nos bases de données, le retargeting et le marketing digital pour une communication plus efficace avec nos clients. En ce qui concerne les récents problèmes sociopolitiques, survenus au Gabon ou au Niger, nous avons constaté des similitudes avec la période Covid-19. Les fermetures de grandes entreprises et d’agences ont fait de Baloon, avec son service en ligne, la seule option viable pour l’assurance. Dans ces contextes, nous n’avons pas rencontré de difficultés majeures. Cependant, l’environnement économique a été affecté, entraînant une rareté de l’argent liquide. Grâce à notre mode de paiement par e-money, nous continuons de proposer une solution à nos clients.

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