Le 11 octobre dernier, Axa a publié ses principaux indicateurs initialement arrêtés sous IFRS 4 des neuf premiers mois de 2022, retraités sous les nouvelles normes IFRS 17/9. L’objectif de ce comparatif est de mettre en évidence les différences entre les résultats générés en utilisant les méthodologies de calcul propres à chaque norme. L’assureur fait là un effort de pédagogie vis-à-vis du public avec la présentation relative à la norme entrée en vigueur début 2023, en publiant à la fois les indicateurs historiques et les nouveaux. Et vraisemblablement, Axa suivra cette approche pour ses résultats du Q3 2023 le 2 novembre prochain.

Des indicateurs 2.0

En tous les cas, ce comparatif préfigure les orientations en vue de la communication financière post clôture des comptes annuels. Plusieurs indicateurs présentés d’habitude dans les états financiers, tel que l’évolution du chiffre d’affaires, ne seront plus affichés de manière directe, mais plutôt consignés dans les annexes. En revanche, certains indicateurs peu courants auparavant, comme la marge de service contractuelle (CSM), sont désormais attendus et suivis de près sous IFRS 17.

« Nous sommes actuellement au cœur d’une phase de transition, passant de l’ancien cadre comptable à celui mis en place cette année. Cette transition offre de nouvelles perspectives avec des indicateurs historiques qui n’apparaissent plus en lecture directe, ainsi que l’introduction de nouveaux indicateurs, souligne Éric Jeanne, senior advisor en assurance chez BM&A. La récente communication du groupe Axa illustre cette période de transition, qui gagnera en clarté au 3e trimestre, et plus encore après la publication des comptes annuels. »

Une démarche d’adoption croissante

Outre le retraitement des « primes brutes émises et autres revenus », l’équivalent du chiffre d’affaires, ce comparatif d’Axa est enrichi de nouveaux indicateurs conformes à la norme IFRS 17, tels que la CSM et la VAN (valeur des affaires nouvelles). « La CSM s’annonce comme un des indicateurs de premier plan pour l’avenir, cependant, à ce jour, les informations détaillées concernant sa constitution demeurent limitées. Il incombera aux acteurs de fournir des explications détaillées quant à la manière dont elle se forme, de l’ouverture à la clôture de chaque exercice, en tenant compte de l’incidence des nouvelles activités, des variations opérationnelles, des répercussions des marchés financiers entre autres dues aux fluctuations des taux, ainsi que des modifications d’hypothèses », explique Anne-Marie Jolys Bris, directrice exécutive au sein du pôle banque assurance de BM&A.

Alors que l’intégration d’indicateurs historiques, notamment le chiffre d’affaires, n’est plus obligatoire dans les principales présentations des états financiers, mais plutôt reléguée aux annexes, il est probable que les assureurs continueront à les mettre en avant. Le chiffre d’affaires demeure un indicateur clé, notamment pour le grand public, contrairement à la CSM, encore largement ignoré en dehors du cercle des initiés de la comptabilité des groupes d'assurance internationaux.

« La norme IFRS 17 ne change en rien l’activité économique de la société. Elle implique une nouvelle présentation des bilans et des comptes de résultat. En conséquence, certains indicateurs comme le chiffre d’affaires seront semblables mais plus en lecture directe dans les états financiers primaires », assure-t-elle.

L'exercice en cours a valeur de "test and learn" pour les assureurs assujettis. Avant de présenter des indicateurs qui seront utilisés comme base des futures analyses de leur performance financière, les assureurs se donnent le temps pour bien les assimiler et aussi maîtriser leur... communication !

Image : l'atrium du siège d'Axa, 25, avenue Matignon, Paris 8e. Crédit : Axa.fr