Quel est le profil du groupe Guian Seasecure ?

Jean Brossollet : le groupe est spécialiste de l’assurance maritime et, dans cette branche, notre expertise est reconnue sur le segment des corps de navire. Notre chiffre d’affaires s’est élevé à 6,5 M€ l’an dernier, l’entreprise compte 43 collaborateurs répartis sur quatre sites au Havre, à Marseille et Paris notamment. Nous étions, jusqu’à notre intégration à Howden France, le dernier courtier maritime indépendant du marché français. Le courtage de l’assurance maritime s’est fortement concentré ces cinq dernières années. Pour illustrer mon propos, il y avait en France jusqu’en 2017 quinze courtiers marine réalisant plus de 5 M€ de CA, il n’y en a plus que sept aujourd’hui.

Pourquoi avez-vous fait le choix d’intégrer Howden France ?

Jean Brossollet : la spécialité est gage de technicité et constitue un atout maître auprès des armateurs notamment. En parallèle et assez vite, cette hyperspécialisation constitue une fragilité face aux offres globales et multilignes du grand courtage. C’est une réflexion stratégique que j’ai depuis plusieurs années, depuis le rapprochement avec Guian en 2018 exactement. L’adossement à un groupe comme Howden a constitué une vraie opportunité d’autant plus valable que nos cultures d’entreprise (entreprenariat et proximité en régions sont dans notre ADN) sont identiques. C’est l’aboutissement d’une vision stratégique qui entendait élargir notre proposition de valeur au-delà de la seule assurance maritime.

Et du côté d’Howden France ?

Nicolas Aubert : l’acquisition du groupe Guian Seasecure apporte savoir-faire et expertise à notre offre qui s’enrichit d’une nouvelle spécialité. Howden France ambitionne de servir ses clients sur les risques qu’il maîtrise. Après l’acquisition de CRF et sa spécialité des lignes financières (institutions ginancières, RCMS, RC pro, fraude, etc.) et d’accompagnement des jeunes pousses en forte croissance, celle de Théorème, actif sur toutes les lignes des risques des entreprises petites et moyennes, y compris pour leurs assurances de personnes et le savoir-faire de son département flottes qui sert lui de grands groupes internationaux, nous ajoutons la spécialité de l’assurance maritime et transport du groupe Guian Seasecure.

Vous êtes désormais pleinement concurrent du grand courtage, ne redoutez-vous pas sa réaction face à l’émergence d’un pair sur le marché français ?

Jean Brossollet : la bataille a commencé de longue date. C’est aussi le sens de notre adossement à Howden France car Guian Seasecure, parce qu’indépendant et monoline, était déjà perçu comme une cible de choix aux yeux du grand courtage.

Nicolas Aubert : au-delà du projet entrepreneurial qui nous anime et de l’enthousiasme à travailler ensemble, il est clair que nous serons plus forts collectivement. L’environnement du courtage français est compétitif depuis de nombreuses années, c’est la continuation d’une situation de vive concurrence entre courtiers. Pour l’instant, Howden France ne dispose pas de toutes les expertises et j’entends rester humble sur le marché mais très ambitieux pour faire valoir notre offre là où nous sommes légitimes. Avec Seasecure, Howden France renforce son ancrage régional, notamment dans le Grand Ouest, et ajoute une expertise à son profil de courtier multispécialiste des lignes financières, du transport et des flottes auto.

Entendez-vous accompagner Howden France maintenant que vous avez cédé Guian-Seasecure ?

Jean Brossollet : j’y ai longuement réfléchi et c’est avec beaucoup d’enthousiasme que j’ai accepté de prendre la tête de la branche marine d’Howden France. Cela dit, je prends cette responsabilité avec beaucoup d’humilité, j’ai beaucoup à découvrir dans le monde du grand courtage international. Je suis très fier du groupe que j’ai construit en créant Seasecure en 2008 et j’intègre Howden France avec beaucoup d’envies de développement et la capacité de faire ce que je ne pouvais pas faire jusque-là. Je suis confiant dans la capacité à la développer plus avant grâce à Howden France. Il y a un très gros potentiel de développement à exploiter, c’est un projet dynamique et ambitieux auquel je m’associe pleinement. Mais je suis d’autant plus libre que, même si ma réussite personnelle n’est pas au rendez-vous, le développement de la société Guian-Seasecure et de ses collaborateurs est lui sécurisé au sein d’Howden France.

Allez-vous utiliser les capacités du groupe Howden ?

Nicolas Aubert : Howden est présent dans 45 pays en propre et dispose d’un réseau dans 45 autres pays. Le groupe n’est rien d’autre que le premier courtier mondial non-américain. Sur la branche marine qui nous occupe aujourd’hui, le groupe est à l’origine du montage des programmes des navires céréaliers qui depuis quelques semaines ont pu quitter l’Ukraine en guerre pour livrer leur cargaison partout dans le monde. Bien entendu, Howden France va s’appuyer sur cette expertise et ces capacités du groupe et nous avons déjà eu des affaires à placer avec le siège à Londres mais aussi avec le bureau de Singapour ; pour autant, nous travaillons essentiellement avec nos équipes en France et avec les opérateurs du marché français pour équiper des entreprises françaises ou étrangères.