C’est officiel, le groupe britannique Aviva plc vendra sa filiale française à Aéma, le groupe issu du récent rapprochement de Macif et Aésio, pour 3,2 Md€. Les contrats vie de l’Afer et le réseau d’agents généraux d’Aviva France rejoignent le groupe mutualiste.
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Fin du suspense et de la multiplication des scénarios depuis l’annonce d’Aviva plc l’été dernier de sa volonté de se séparer de sa filiale française : la cession aura lieu au profit du groupe Aéma fraîchement formé par Macif et Aésio pour 3,2 Md€. « Un prix qui correspond probablement à environ 0,6 fois les fonds propres de la cible, indique Guillaume Lucien-Baugas, analyste chez Moody’s Investors Service, et qui est convenable au regard de ce qui se pratique actuellement, les prix étant en effet généralement inférieurs aux fonds propres. Cela va certes entraîner une détérioration du ratio de solvabilité de la Macif et augmenter le levier financier. »
Aéma a d’ailleurs annoncé dans un communiqué de presse que l’acquisition serait financée par le biais des fonds propres du groupe et l’émission d’une nouvelle dette subordonnée. « En méthode standard, le ratio Solvabilité II de Macif était de 221 % à fin 2019, un ratio nettement supérieur à celui d’Aviva France, précise l’expert. De fait, Aviva France appartient à un groupe étranger coté en Bourse qui promet un retour sur fonds propres à ses actionnaires. Elle est ainsi moins bien capitalisée qu’un mutualiste tel que Macif. » Au terme de la transaction, comme le précise également le communiqué de presse d’Aéma, le ratio de solvabilité de ce dernier serait de plus de 165 %, pour atteindre 200 % à l’horizon de quatre ans.
L’occasion fait le larron
Reste que l’opération est une opportunité pour la Macif de bénéficier d’un gain d’échelle aux yeux de l’analyste : « L’acquéreur et la cible étant d’une taille équivalente, la Macif va doubler la sienne, sans compter l’aspect non négligeable des contrats Afer gérés par Aviva France qui vont tomber dans l’escarcelle d’Aéma, mais aussi le bénéfice du réseau d’agents généraux bien géré et rentable d’Aviva France. »
Quant aux contrats à cours connu souscrits par Abeille vie entre 1989 et 1997, Aviva précise dans un communiqué de presse que « ce risque a déjà été provisionné de manière appropriée sur le bilan d’Aviva France et l’accord prévoit que, dans un scénario peu probable où cette provision serait insuffisante, les deux parties partageraient l’exposition supplémentaire ».
Un éventuel reliquat devrait s’avérer relativement limité pour Aéma selon l’analyste. « Le groupe Aéma devrait sortir de l’opération avec des pôles auto/MRH, santé et assurance vie mieux équilibrés », conclut l’expert. Un bénéfice de diversification de l’opération également mis en avant par Aéma, qui estime que le futur groupe deviendra « l’un des cinq premiers groupes d’assurance en France », et disposera de quelque « 11 Md€ de fonds propres ».
Dans un communiqué de presse du 25 février, l'agence Moody’s a fait savoir qu'elle réaffirmait la notation IFSR de solidité financière (A2) de la Macif suite à l'acquisition d'Aviva France et que la perspective associée à cette notation est stable.