La fusion des deux géants du courtage, lancée en mars 2020, a connu un nouvel épisode avec la plainte du ministère de la Justice américain pour anti-concurrence.
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Le 16 juin, le ministère de la Justice américain a déposé une plainte civile antitrust visant à bloquer le projet d’acquisition de Willis Towers Watson par Aon. Le rapprochement de deux des trois premiers courtiers mondiaux – une opération à 25 Md€ – « éliminerait une concurrence directe substantielle et conduirait probablement à des prix plus élevés et à moins d’innovation », alerte la plainte. Les propositions négociées au printemps pour réduire la position du nouveau groupe aux États-Unis (avec la vente de deux activités par Aon) ne seraient pas « opportunes, adéquates ou suffisantes pour compenser les effets anticoncurrentiels », ajoute Washington. Le département de la justice américaine a basé son argumentaire sur cinq segments dont l’assurance dommages et la santé des salariés. Les deux groupes ont aussitôt exprimé leur désaccord, dans un communiqué commun, dénonçant « une incompréhension de notre activité, des clients que nous adressons et des marchés sur lesquels nous opérons ». Ils indiquent poursuivre les discussions avec d’autres régulateurs – suscitant des « progrès déterminants » – sachant que la plainte américaine est intervenue alors que la direction de la concurrence de la Commission européenne arrivait au bout de sa propre étude du dossier.
Après avoir tiré la sonnette d’alarme dès décembre, Bruxelles doit livrer son avis sur l’opération d’ici au 3 août, une deadline précédemment repoussée. Et pour répondre aux inquiétudes en matière de concurrence, Aon et Willis Towers Watson ont signé en mai un accord définitif d’un montant d’un peu moins de 3 Md€ avec leur concurrent américain, Arthur J. Gallagher, afin de lui céder plusieurs activités de courtage dont au moins 85 % de celles de Gras Savoye, soit les bureaux en région, l’assurance-dommages et l’assurance de personnes. L’assurance affinitaire et les marchés spécialisés (RC médicale, arts, yachting, etc.), des segments qui emploient un peu plus de 250 salariés rejoignant alors Aon. Cette annonce, conditionnée à la finalisation de l’opération, avait soulagé les équipes de Gras Savoye, passées il y a six ans dans le giron de Willis. En effet, cet accord permettrait de ne pas disperser les équipes.