Ne parlant pas français à son arrivée à Paris adolescent, ce forcené de travail âgé de 54 ans est aujourd'hui à la tête d'un cabinet de courtage qui fait référence au sein de la communauté asiatique.
Affable et souriant, Christian Quach raconte avec simplicité le parcours qui l'a mené à la tête d'un cabinet de courtage peu ordinaire. Au cœur du modeste et cosmopolite XIXe arrondissement de Paris, le cabinet Kouoi compte cinq collaborateurs, environ 5 000 clients - commerçants ou restaurateurs parfois venus de l'autre bout de la France pour souscrire un simple contrat dommages - et engrange 1 M€ de commissions annuelles.
Deux raisons simples à cette réussite : Christian Quach parle chinois, et prend son rôle de conseil au sérieux. Né au Cambodge, issu d'une famille aisée - le grand-père chinois avait fait fortune dans le commerce de la soie -, Christian Quach a vécu au Vietnam jusqu'à ce que le cours de l'Histoire change sa destinée. Car l'accession des communistes au pouvoir a été synonyme de la confiscation de leurs biens. S'ils ont été ruinés, les Quach ont toutefois eu la chance d'avoir la nationalité cambodgienne, un sésame qui permettait de quitter le Vietnam.
De la plonge au palace
Christian Quach arrive seul à Paris à l'âge de 17 ans. Accueilli par un frère guère plus âgé que lui, il ne parle pas un mot de français, et n'a rien en poche pour se payer l'hôtel. Partageant un grenier avec d'autres jeunes arrivants, il va comme eux faire la plonge dans un restaurant chinois. Il apprend la langue, et trouve une place d'extra dans un grand hôtel. Vingt ans plus tard, il est chef de rang au Concorde Lafayette. Son père lui demande alors de prendre le relais de sa petite affaire montée avec les AGF.