Dans la plupart des sociétés de courtage sollicitées, la réponse est la même : « Des énarques chez nous ? Non, on n'en a pas. » Ce qui n'est pas étonnant, car le courtage est un métier de "commerçant". La cause est donc entendue : l'ENA n'y a pas sa place. En réalité, Gras Savoye est l'exception qui confirme la règle, avec Julien Vignoli comme directeur général délégué. Et il est intéressant de noter que le courtier compte parmi ses principaux actionnaires Astorg Partners, un fonds présidé par Xavier Moreno, issu de la promotion 1976. La même que Patrick Werner, l'éphémère directeur général du leader du courtage. Mais si l'ENA n'a pas les faveurs des courtiers, une autre école, elle aussi antichambre des grands corps de l'Etat, y a droit de cité : l'Ecole Polytechnique. Pour Antoine Bosonnet, DRH d'Aon France, « les polytechniciens savent compter et synthétisent très vite. Dans leur domaine, ce sont les meilleurs pour donner de la rationalité aux intuitions de nos commerciaux. Ils sont polyvalents et formés à développer une vue d'ensemble pour diriger. Les énarques ne sont pas formés au commerce ou au management ». Et dans la mesure où les courtiers ont besoin de compétences techniques très pointues pour satisfaire les demandes de leurs clients industriels, les chasseurs de têtes puisent sans réserve dans les rangs des diplômés d'X. On trouve ainsi plusieurs d'entre eux à la tête des plus gros cabinets de la place. C'est le cas notamment de Stanislas Chapron, président du directoire de Marsh France, ou encore de Robert Leblanc, président-directeur général d'Aon France.