Touchés de plein fouet par la crise des dettes souveraines, les fonds en euros donnent de sérieux signes d'essoufflement. Pour y faire face, les assureurs innovent en proposant de nouvelles solutions d'épargne.
Les fonds en euros, qui aujourd'hui pèsent plus de 1 000 Md€ d'épargne sous gestion, ont-ils définitivement atteint les limites du cycle vertueux qui durant plus d'un quart de siècle leur a permis d'associer sécurité et rentabilité ? C'est la question que se posent de nombreux professionnels confrontés à la chute vertigineuse de collecte nette enregistrée par le marché en 2011 (- 85 %). Mais leur réponse est loin d'être tranchée (voir p. 42).
Un triple défi
A défaut de s'accorder dans leurs prescriptions, tous posent néanmoins peu ou prou le même diagnostic : le modèle économique des fonds en euros est impacté par trois phénomènes majeurs.
L'arrivée à maturité des contrats. Elle explique en partie le mouvement inédit de retraits observé en 2011, qui, sensible dès la fin 2010, n'a cessé de s'accentuer durant toute l'année dernière pour atteindre des sommets après l'explosion de la crise de la dette grecque. Aujourd'hui, une fraction importante des contrats (près de la moitié selon les estimations du Cercle des épargnants) a été souscrite il y a plus de 12 ans. Et leurs détenteurs sont d'autant plus enclins à effectuer des rachats partiels ou totaux (26 % des retraits observés au dernier trimestre 2011), que nombre d'entre eux approchent de la retraite et qu'ils craignent pour l'avenir fiscal de leur épargne.
Une rentabilité fragile. L'incertitude qui plane sur l'évolution des rendements des fonds en euros contribue à freiner le renouvellement de la collecte. Il est vrai qu'avec un taux moyen tombé à 3 % l'an passé (avant frais sur primes et prélèvements sociaux), l'assurance vie a du mal à convaincre des épargnants davantage tentés par des placements liquides et sûrs comme le...