Face à des contraintes réglementaires croissantes, à une vive concurrence sur leur cœur de métier, et à l’évolution démographique française, les mutuelles 45 s’efforcent de préserver leur compétitivité sans renier leur modèle solidaire. Un exercice délicat.
Les mutuelles régies par le Code de la mutualité de 1945 traversent une période particulièrement complexe. Leur part de marché ne cesse de se réduire depuis deux décennies. En 2001, elles détenaient encore 60 % des cotisations en assurance santé individuelle mais le rythme du déclin s’est accéléré : la perte annuelle atteint désormais 1,3 point, contre 0,5 à 1 point par an auparavant. Aujourd’hui, elles ne pèsent plus que 40 % du marché de l’assurance santé individuelle. Cette érosion est largement imputable au cadre réglementaire de plus en plus contraignant et au transfert croissant de charges de l’Assurance maladie obligatoire vers les complémentaires. Depuis 2016, la directive Solvabilité II a imposé des exigences strictes aux mutuelles en matière de fonds propres, de gouvernance et de gestion des risques, plaçant ainsi leur modèle économique sous pression. « À ces nouvelles contraintes réglementaires se sont ajoutées plusieurs réformes structurelles », explique Olivier Brenza, directeur général Aésio mutuelle. L’accord national interprofessionnel (ANI) de 2016 a généralisé la complémentaire santé collective à tous les salariés du privé, touchant sévèrement le marché des contrats individuels, historiquement dominé par les mutuelles. Plus tard, la réforme du 100 % santé (2019-2021) a intensifié la concurrence tarifaire et accru les obligations des organismes complémentaires en matière de prise en charg...