Alors que la généralisation de la complémentaire santé bouscule la stratégie des assureurs, une concurrence accrue s'organise autour des segments des seniors et des TNS.
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"Le marché de la santé individuelle va être bouleversé dans les deux ans qui viennent", prévient Pierre François, directeur général de Swiss Life prévoyance et santé. En effet, la généralisation de la complémentaire santé n'est peut-être pas un tsunami, mais elle va tout de même modifier profondément les stratégies des assureurs. Et les obliger à trouver d'urgence comment compenser la baisse des chiffres d'affaires que tous ont déjà calculée. Pour Swiss Life, dont l'activité santé individuelle pèse quelque 800 M€ de chiffre d'affaires, on estime à 400 M€ le volume qui pourrait être touché par l'ANI. Du côté d'Allianz, qui encaisse 600 M€ de chiffre d'affaires en santé individuelle, on estime la perte à 150 M€ d'ici 2020. Selon David Dorn, directeur santé, prévoyance et dépendance individuelles chez Axa France, « il va y avoir une perte d'activité indéniable que l'on situe entre 20 % et 30 % du chiffre d'affaires en prenant le pire scénario, même si on ne sait pas encore à quel terme cela peut se produire ». Pourtant, aucun acteur ne songe à quitter le marché. Il faut dire que le volume de primes reste très important. Selon les chiffres du Fonds CMU, en 2013, le chiffre d'affaires des complémentaires santé s'établit à 32,8 Md€, en hausse de 2,3 % par rapport à 2012. Une hausse plus sensible chez les sociétés d'assurances (+ 4,6 %) qui grignotent des parts de marché aux mutuelles - dont le chiffre d'affaires gagne 1,5 % - et aux institutions de prévoyance qui progressent de 1,1 %.