Quel est votre avis sur les mesures introduites par la loi Hamon en matière d'assurance emprunteur ?
La loi Hamon va entraîner une démutualisation plus importante du risque et une multiplication des offres sur le marché. Les tarifs vont donc davantage correspondre au vrai coût du risque de chaque emprunteur ; cela ne sera avantageux que pour une partie d'entre eux. Les assureurs individuels ont déjà attaqué le marché en tarifant bien les bons risques comme les jeunes et les non-fumeurs par exemple, mais en étant plus chers sur les moins bons risques que les contrats bancaires qui sont aujourd'hui davantage mutualisés.
Pensez-vous que cette loi va modifier les forces en présence sur le marché ?
La répartition actuelle entre les contrats bancaires et les contrats alternatifs, qui est d'environ 88 % pour les premiers contre 12 % pour les seconds, ne devrait évoluer qu'à la marge. Les banquiers sont vigilants sur la délégation ; ils peuvent aisément faire évoluer leur politique de mutualisation des risques en retarifant leurs contrats. Ils pourraient également décider de rogner sur leurs marges, ce que les assureurs proposant des contrats alternatifs ne sont pas forcément prêts à faire. En outre, les banquiers développent davantage de « plus » marketing, qui sont en dehors des critères établis par le CCSF et qui incitent les clients à souscrire les contrats d'assurance bancaires (souscription conjointe entre époux, etc.). Les banquiers ont toute capacité à s'adapter à la nouvelle donne réglementaire et à développer de nouvelles armes, tout en restant dans la légalité.
Pensez-vous que les assureurs individuels sont armés pour conquérir la clientèle des emprunteurs qui viennent de souscrire un prêt ?
Cela va être difficile pour les acteurs proposant des contrats alternatifs de s'attaquer...