Didier Seigneur et Didier Arminjon, vice-président et président de CRF assurances -
Chef de rubrique
Plus d'un an après avoir racheté CRF assurances, les deux associés dirigeants du courtier font le point sur l’activité du cabinet spécialisé en lignes financières et évoquent leurs projets à venir.
Comment se porte CRF assurances ?
(DA) 2016 aura été une année de challenge car Didier Seigneur et moi-même n’avions jamais été courtier. Il a fallu apprendre le métier, gérer les équipes et les clients. C’est un peu comme Shiva, il faut savoir tout faire. Le plus difficile a été de maîtriser la structure de CRF assurances, notamment les flux financiers. Avec douze mois de recul, beaucoup de choses auraient pu être réglées avant le closing.
(DS) Sur le dernier exercice, nous avons souscrit 325 nouvelles polices pour 460 000 € de commissions supplémentaires. Même si nous avons perdu l’un de nos plus gros clients (une BioTech) dès le début d’année avec une prime importante, nous enregistrons une production meilleure qu’anticipée avec 30 % d’affaires nouvelles en plus des objectifs que nous nous étions fixés, ce qui représente entre 15 et 20 % de notre chiffre d’affaires qui s’établit aujourd’hui de manière stable à 2 M€. Au final, nous terminons l’année peu ou prou à l’étale et notre stratégie pour les dix-huit prochains mois est inchangée : se concentrer sur les institutions financières et les sociétés de croissance en leur proposant des garanties qu’elles n’ont pas encore, comme des polices cyber ou fraude.
Quelle est la compostion de votre portefeuille ?
(DA) Une grande part de notre portefeuille est composée d’entreprises allant de quelques salariés jusqu’à 200/300 personnes. Nous avons actuellement comme clients 500 sociétés commerciales et 150 institutions financières.
La plupart de ces entreprises n’ont pas de structure de risk management, ce sont de petites entités, très dynamiques avec des sociétés de capital risque au tour de table, ce qui implique des plans de croissance très ambitieux. Cela veut dire qu’elles bougent et leurs risques avec. Il faut donc de la réactivité de notre part, expliquer rapidement ce que l’on peut leur proposer car les gens vont vite et sont décisionnaires très rapidement.
Souhaitez-vous procéder prochainement à des acquisitions ?
(DA) Devant la grande concentration des acteurs, il n’y a pas énormément d’opportunités de rachat, notamment dans nos domaines de spécialités (RC pro/RC des dirigeants/lignes financières/institutions financières). Nous avons étudié un dossier durant l’exercice 2016 avant de l’abandonner ; nous restons attentifs à ce qui se passe sur le marché. Toutefois, si nous avons une nouvelle cible nous devrons en mesurer la cohérence au moins à cinq ans. De plus, nous sommes totalement indépendants d'un point de vue capitalistique et ne sommes pas tenus de faire de la croissance externe à tout prix.
Comment comptez-vous vous développer ?
(DS) Nous souhaitons faire venir chez CRF des compétences. Nous cherchons des personnes issues de grandes structures qui pourront émerger au sein d’une plus petite, avec une aventure différente où le profil de la personne est la valeur ajoutée. Nous ciblons des talents avec un portefeuille de clients qui peuvent les suivre, ou ceux ultra spécialisés dans une ligne de métier ou avec des compétences techniques particulières autour des transactions financières (M&A). Nous restons un acteur de niche.
Votre business model a-t-il vocation à évoluer ?
(DA) Notre business model reste le même. Nous chassons des sociétés de capital risque et des sociétés de gestion d’actifs que nous équipons sur leurs risques opérationnels (RC pro et RC des dirigeants, fraude, cyber,...).
Nous passons ensuite un accord avec ces sociétés de capital risque pour être le courtier désigné des entreprises dans lesquelles elles investissent. Ainsi, nous sommes très présents dans les domaines du digital, des sciences de la vie ou de la « FinTech », qui sont des secteurs porteurs pour les investisseurs.
Les porteurs de risques sont-ils au rendez-vous de ces marchés ?
(DS) Nous avons des partenaires historiques qui nous donnent aujourd’hui entière satisfaction, avec de la visibilité sur la gestion des sinistres, ce qui nous semble un élément primordial. Nous n’avons donc pas vraiment besoin de nous tourner vers de nouveaux assureurs.
Toutefois, nous sommes attentifs aux acteurs entrants sur le marché, même si depuis dix ans l’important turnover des porteurs de risques sur ce segment n’est pas bon pour la continuité des contrats. Pour nous prémunir, nous évitons par exemple de travailler avec des porteurs de risques qui n’ont pas de département sinistre en France.
Cela a–t-il une influence sur les tarifs ?
(DS) En termes de tarification, le marché est toujours soft et ne se durcit pas. Tant que le secteur de l’assurance attirera de nouvelles capacités, la pression sur les tarifs restera forte. Nous pensions que les fusions entre XL et Catlin ou entre Ace et Chubb allaient durcir les conditions tarifaires, il n'en est rien. En France, il y a aujourd’hui une vingtaine d’assureurs qui proposent de laD&Oou des couvertures de risques financiers, avec un taux d’équipement déjà très fort. Nous devons donc descendre sur de plus petits risques pour faire la différence.
Quelles sont vos cibles de prospection ?
(DA) Il y a aujourd’hui environ 600 sociétés de gestion agréées en France. Nous en avons 70 en portefeuille. Pour le Private Equity, nous en avons près de 60 en portefeuille. Il est donc encore possible de faire de la croissance.
Nous avons établi un plan de chasse par secteurs d’activité en nous appuyant sur des sponsors comme les incubateurs, les fédérations ou autres syndicats professionnels. Outre les secteurs du digital, de la « FinTech » ou du « life science », nous regardons aujourd’hui d’autres « techs » comme la « WineTech », la « BeautyTech » ou la « HealthTech » qui sont des domaines qui nous semblent porteurs et qui ont été très peu défrichés.