Trois questions à Pauline Becquey-Helary, responsable développement durable de la Fédération française de l’assurance

Publié le 2 mars 2020 à 8h00

jc.manuceau@tribune-assurance.fr

La FFA a publié fin novembre 2019 son troisième baromètre assurance ESG-Climat, pourquoi avoir pris une telle initiative ?

L’article 173 de la loi sur la transition énergétique du 15 août 2015, qui oblige les investisseurs institutionnels à communiquer sur l’intégration des critères environnementaux et sociaux dans leurs décisions d’investissements, a incité les assureurs à établir un état des lieux précis de leurs démarches en la matière. Pour ce faire, un groupe de travail a été créé en 2017 à l’initiative conjointe de la commission du développement durable et de la commission économique et financière de la FFA afin d’évaluer la prise en compte des critères ESG-Climat dans les stratégies d’investissement de nos membres. Une feuille de route balisée par dix-huit recommandations a été établie pour les aider à mieux intégrer ces critères dans leurs choix de placements. Le baromètre est le fruit de ce travail et la nette progression du score de la profession qui s’établit pour 2019 à 72 sur 100*, soit une hausse de 26 points en trois ans, témoigne à lui seul de la volonté de notre profession de passer de la parole aux actes.

Ce baromètre montre cependant qu’il y a encore du chemin à faire en matière de transparence et de lisibilité de l’information pour le client final, des actions précises sont-elles prévues en ce sens ?

Le score sur ce front est de 53 sur 100. Il a nettement progressé depuis 2018 mais indique que l’on doit continuer de se mobiliser pour former les réseaux de vente aux enjeux de l’ISR. Plus de la moitié des assureurs que nous avons interrogés sont engagés dans cette démarche et au niveau de la fédération nous avons réuni un groupe de travail qui rassemble des spécialistes de la structuration des offres d’UC et des responsables marketing/distribution afin de produire quelques messages clés susceptibles de favoriser une diffusion éclairée des offres ISR auprès des clients. Par ailleurs, depuis l’an dernier, un guide pédagogique « Epargner responsable grâce à mon assurance vie c’est possible ! » est accessible sur notre site, il a pour objet de répondre en termes à la fois simples et précis aux nombreuses interrogations que suscite pour l’épargnant la thématique de l’investissement socialement responsable.

Les investissements des assureurs en valeurs exposées au risque charbon pèsent encore plus de 3 Md€ d’encours, la profession est-elle mobilisée pour réduire cette position ?

Après avoir signé le 2 juillet dernier, aux côtés d’autres associations professionnelles, la déclaration de la place financière de Paris pour une finance verte et durable, la FFA a formulé fin novembre de nouvelles recommandations, en lien direct avec une série de mesures préconisées par les ONG, pour mettre fin à terme au financement du charbon thermique avec un calendrier global de désengagement. Chacun de nos membres reste libre de les appliquer mais leur mobilisation autour de ces recommandations témoigne de leur ambition.

* enquête menée dans le courant de l’été 2019 auprès de 21 assureurs représentant 1 794 Md€ sous gestion, soit 87 % des actifs du marché gérés au titre du fonds général et 93 % de ceux libellés en UC.

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