Le lancement en mars dernier du plan européen d’action pour la finance durable marque-t-il un tournant pour le marché de l’ISR ?
C’est un pas de géant ! Pour la première fois, Bruxelles prend une décision forte en la matière et affiche sa volonté d’aboutir à des positions convergentes entre partenaires européens sur cette thématique il est vrai déjà bien défrichée en France. Dix ans après la crise financière, il s’agit de donner un nouveau cadre financier à l’Europe pour contribuer à la construction d’une économie plus verte et soutenable, respectueuse de l’objectif climat de l’Accord de Paris, et lui permettre de devenir, je cite, « le leader mondial climatique, une terre d’accueil naturelle pour les investissements durables et en particulier les technologies bas carbone ». Dans ce but, la Commission a défini dix actions parmi lesquelles figure en premier lieu la volonté de créer un référentiel européen des activités dites « durables » qui servira de colonne vertébrale à l’ensemble du dispositif et devrait aboutir début 2019 à une première taxonomie, confiée à un groupe d’experts récemment constitué. Cette démarche ira de pair avec la mise en place de standards et d’écolabels pour les produits financiers environnementaux et sera complétée par une série d’initiatives concomitantes relatives à l’encadrement des green bonds, le financement des infrastructures, la responsabilité des investisseurs, les indices de référence, etc. C’est un chantier majeur.
Quelle influence ont les assureurs dans le déploiement de la finance durable en France ?
Ils sont très actifs et jouent un rôle moteur en tant qu’investisseurs institutionnels mais également comme vecteurs de diffusion de cette thématique auprès du grand public au travers d’offres d’assurance vie ouvertes sur l’investissement socialement et écologiquement responsable, sachant que pour l’heure, l’essentiel des offres financières et solidaires souscrites par les particuliers l’est par le canal de l’épargne salariale.
Ceci étant dit, leur démarche est perfectible. Nous avons publié en novembre 2017 un premier bilan des pratiques des cent principaux institutionnels français au regard des contraintes de l’article 173 de la loi sur la transition énergétique d’où il ressort que moins de la moitié des acteurs concernés, 35 exactement, sont effectivement engagés dans une démarche « climat » digne de ce nom.
Quel regard portez-vous sur le label vert français ?
Il est encore un peu tôt pour tirer un bilan car seule une vingtaine de fonds est estampillée TEEC. Ce label est exigeant et plus de la moitié des fonds qui l’ont obtenu n’existaient pas avant la Cop 21. C’est encore une goutte d’eau mais elle va grossir avec l’émergence de l’écolabel européen en cours de gestation.
* filiale de la Caisse des dépôts et consignations dédiée à l’investissement socialement responsable