Trois questions à Benjamin Serra, vice-president & senior Credit Officer chez Moody’s

Publié le 7 décembre 2017 à 8h00

jc.manuceau@tribune-assurance.fr

La réduction du périmètre géographique de Generali est-elle stratégiquement efficace ?

Le recentrage géographique des activités de Generali n’aura finalement qu’un impact limité, car en réalité l’assureur ne souhaite vendre que de petites filiales, représentant à peine 5 % des primes annuelles du groupe. Cette sélectivité des marchés à taille critique est à l’opposé des stratégies passées de diversification à l’extrême. Désormais, les principaux acteurs du marché consolident leurs positions fortes et revendent les entités plus faibles disséminées à travers le globe.

Les velléités de rachat de Banca Intesa Sanpaolo en début d’année ont-elles affaibli le groupe ?

Cet épisode a plutôt permis à Generali de renforcer sa stratégie. Le groupe, qui a finalement refusé d’être racheté, a souhaité montrer de manière claire qu’il était suffisamment solide pour continuer son développement seul. Cet épisode a également mis en évidence les risques de crédit associés à une acquisition de cette ampleur. Alors que Generali est un groupe très diversifié géographiquement, un ensemble formé par Generali et Intesa Sanpaolo l’aurait été beaucoup moins avec, entre Generali et Intesa Sanpaolo, une exposition à la dette souveraine italienne qui aurait été très importante. Pour préserver son indépendance, Generali a tout de même dû racheter des actions Intesa Sanpaolo, ce qui l’a exposé davantage au secteur bancaire italien même si aujourd’hui ces actions ont été revendues.

Justement, la notation de Generali a-t-elle été impactée ?

Moody’s considère que le risque de crédit, et donc la notation de toute entité, est fortement lié au risque de crédit de l’état dans lequel cette entité est domiciliée, notamment dans le cas des assureurs, en raison de leur exposition à la dette souveraine de l’état concerné. Toutefois, nous prenons également en compte dans notre analyse la nature des produits commercialisés, la diversification géographique et la diversification des actifs. Un groupe d’assurance italien comme Unipol Gruppo S.p.A. est par exemple noté chez Moody’s Baa2 avec perspective négative, au même niveau que le risque souverain italien. Assicurazioni Generali S.p.A., la holding du groupe Generali, est mieux notée (Baa1 avec perspective stable) un cran au-dessus du souverain, car, d’une part, le groupe bénéficie d’une forte diversification géographique et l’Italie ne représente que 33 % des activités du groupe, et d’autre part, malgré son exposition élevée à la dette italienne, nous considérons que le groupe est en mesure de partager une partie des pertes éventuelles à l’actif avec les assurés via le mécanisme de participation aux bénéfices en assurance vie. Par ailleurs, Generali diminue progressivement son exposition aux obligations italiennes et se tourne vers des obligations corporate, tout en renforçant son capital, ce qui tend à rendre le groupe plus résistant dans un scénario de stress éventuel sur le souverain italien. C’est pourquoi Generali bénéficie d’une perspective stable malgré la perspective négative sur le souverain italien. Enfin, le groupe a opéré un recentrage technique propre à tous les assureurs en se concentrant sur la croissance des activités dommages, de la prévoyance et de l’assurance vie en UC. C’est une stratégie lente à porter ses fruits mais positive d’un point de vue du risque crédit.

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