Interview de la semaine

« Si le Brexit signifie la fin du passeport européen, QBE a déjà réagi »

Publié le 16 février 2017 à 8h00    Mis à jour le 16 février 2017 à 11h38

Thierry Gouby

Renaud de Pressigny, directeur général de QBE France

Thierry Gouby
Chef de rubrique

Après un exercice 2016 réussi, QBE France navigue avec prudence en 2017 sur un marché aux tarifs et aux évolutions réglementaires instables. Renaud de Pressigny, son directeur général, fait le point pour LTA.

Quel bilan dressez-vous de l’exercice 2016 pour QBE en France ?

L’année 2016 s’est bien passée avec une croissance de notre activité de l’ordre de 10 %, conforme au plan de marche que nous nous étions fixés. Nous restons sur une volonté de doublement de notre part de marché, mais à un horizon repoussé à 2020 pour nous permettre de rester sélectifs dans notre approche de souscription, et de continuer à croître sans mettre en cause notre rentabilité.

Nous sommes en effet dans une logique de croissance rentable, grâce à une sélection rigoureuse des affaires. Privilégier la croissance à tout prix serait évidemment dangereux dans un marché aussi baissier. Enfin, en termes de sinistralité, l’exercice 2016 a été bon mais moins flamboyant que l’année 2015, absolument historique.

Quelles sont les branches sur lesquelles vous avez performé ?

Nous nous sommes développés sur quasiment toutes nos branches, les deux plus fortes progressions étant à mettre au crédit de la branche dommages, pour laquelle nos parts de marché n’étaient pas à la hauteur de nos ambitions, et de la branche lignes financières, activité créée fin 2014, et qui se développe rapidement. Cette dernière compte d’ailleurs moins d’acteurs qu’en dommages et en RC, et nous avons une équipe compétente et reconnue sur le marché.

A contrario, la branche RC générale évolue aujourd’hui sur un marché compliqué avec des capacités surabondantes et des prix qui chutent à des niveaux jamais vus. La branche caution a également connu un développement moins rapide en 2016, du fait d’un renouvellement d’équipe chez QBE France, et l’arrivée récente de Paco Galán comme directeur. Enfin, nous avons enregistré une croissance moins forte en construction, branche sur laquelle nous avons bâti un portefeuille important, qui pèse plus de 50 % de notre chiffre d’affaires total.

Comment la branche construction évolue-t-elle ?

Sur des branches longues comme la décennale, il est compliqué de se positionner lorsqu’un courtier compare votre offre à celle d’un assureur exotique qui casse les prix, alors que vous vous engagez sur un risque dont la réalisation pourra intervenir dans plus de dix ans. Jusqu’à il y a peu, les taux se maintenaient en RC décennale, mais la concurrence s’est intensifiée et les taux commencent à baisser.

C’est un sujet important pour nous, car notre encaissement construction représente la moitié du CA de QBE France, et le redressement des résultats d’une branche aussi longue que la décennale prend de nombreuses années. Il est important de noter que notre département construction, depuis qu’il opère, n’a jamais fait de majoration presse-bouton ni de campagne baissière.

Les problématiques de compliance vous permettent-elles de rester proches de vos courtiers et clients ?

La mise en conformité est devenue lourde et prenante. Pour y faire face, nous sommes en train de recruter un responsable Compliance, qui travaillera en étroite collaboration avec nos équipes de Londres. Etant succursale d’une compagnie britannique, il nous faut d’une part répondre aux injonctions du régulateur britannique, tout en étant d’autre part en conformité avec le droit français et avec les recommandations de l’ACPR. C’est un travail compliqué, et l’arrivée prochaine de notre responsable conformité déchargera nos équipes de souscription sur ces sujets, et leur permettra de se consacrer entièrement aux relations avec nos partenaires courtiers et clients.

Cette déferlante touche aussi les courtiers, auxquels les assureurs délèguent un certain nombre de tâches, et qui investissent, en termes de systèmes d’information, de process et de formation, pour se mettre en conformité.

Comment le groupe QBE anticipe-t-il le Brexit ?

Si, in fine, le Brexit signifie la fin du passeport européen, nous serons impactés. Le groupe a déjà communiqué ses intentions et entrepris des démarches pour créer une compagnie européenne dans un autre pays de l’UE, avec différents sites d’implantation en concurrence.

La direction de QBE European Operations a réaffirmé que notre compagnie n’attendra pas la fin des discussions entre l’Etat britannique et l’Union européenne pour faire un choix. L’Europe continentale est un territoire clé pour QBE et tout ce qui a été entrepris sur cette zone ne peut pas être remis en cause. Pour QBE France, aujourd’hui succursale d’une compagnie britannique, nous serons peut-être demain succursale d’une compagnie basée ailleurs en Europe, sans rupture, ni pour nous, ni pour les courtiers, ni pour les clients.

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