Après les échecs des unions MG/Malakoff Médéric et Sferen, les Sgam, au sens de groupes prudentiels, ont-elles encore un avenir ?
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Quelques jours après que Malakoff Médéric ait renoncé au projet d’une Sgam avec la MG, c’est Sferen qui passe à la trappe. L’information rendue publique par l’Argus de l’assurance signe l’arrêt de mort de la Sgam. En filigrane de ces échecs retentissants, la directive Solvabilité II, qui oblige les Sgam à devenir des groupes prudentiels et pour lesquels la question de la gouvernance se révèle épineuse. « C’est l’heure de vérité, chacun doit maintenant dire s’il accepte d’entrer dans une Sgam prudentielle avec un commandement unique », remarque un mutualiste. « Les contraintes de la directive SII n’ont fait que poser les vraies questions, surtout sur les problématiques de gouvernance entre les acteurs mutualistes. Face aux problèmes de personnes, construire un grand groupe prudentiel est difficile et il y a peu d’exemples probants. Aujourd’hui, seule la Sgam Covéa, avec un dirigeant unique aux commandes, prouve que cela peut fonctionner », indique Jean-Marc Raby, DG du groupe Macif. Tentatives après tentatives, ceux qui faisaient de la Sgam un outil pour contrer les géants du secteur privé jettent l’éponge, rattrapés par des luttes intestines et des egos trop lourds à porter. « L’idée d’un commandement unique se heurte dans les grandes mutuelles aux querelles de personnes. Ce sont bien souvent les administrateurs qui décident de ne pas y aller », lance un mutualiste. Pour le cas Sferen, « la répartition du poids des deux enseignes au sein de la maison commune a été remise en cause. Au titre de la Sgam prudentielle, la Macif devait avoir un poids prépondérant », indique Alain Montarant, président du groupe Macif.
Alors que la création d’une Gam (Groupement d’assurance mutuelle) fut un temps envisagée pour tenter de garder la maison commune, l’hypothèse semble aussi abandonnée. « Restent les coopérations métiers qui sont dans l’intérêt de nos sociétaires et qui contribuent à la compétitivité de nos offres », poursuit Jean-Marc Raby. Après la douche froide, difficile d’envisager l’avenir. « Aujourd’hui, l’idée de groupe prudentiel pour une Sgam n’est plus crédible. Sferen est un échec sans précédent et une erreur stratégique majeure. Dans le secteur capitalistique, avec un tel fiasco, des têtes seraient tombées », alerte un dirigeant. Un signal pour le moins négatif au moment où se met en place la FFA et son tout nouveau pôle mutualiste, l’AAM. Pour les mastodontes, le salut pourrait venir de la fédération de petites enseignes afin de les aider à passer le cap de SII, « mais le gibier va se faire rare », prévient-on chez les concurrents. « Nous devons en tirer les leçons. Toutefois, cela présage de nouvelles perspectives. Aujourd’hui, nous sommes ouverts à d’autres partenaires », conclut Alain Montarant.