Interview de la semaine

« S2H conforte son leadership en maritime et transport »

Publié le 13 octobre 2016 à 8h00

florence duflot

Pierre Deleplanque, directeur transport & spécialités de Siaci Saint Honoré et Olivier Renault, président fondateur de Cap Marine

florence duflot
chef de rubrique

L’acquisition de Cap Marine le 1er juillet dernier s’inscrit dans la stratégie de croissance externe de Siaci Saint Honoré (cf. Siaci à la poursuite du diamant lyonnais ?). Le nouvel ensemble collecte 200 M€ de primes et détient 25 % de parts de marché. Retour sur cette opération.

Pouvez-vous nous expliquer les raisons de ce rachat ?

P. Deleplanque : S2H est numéro 1 en assurance facultés et enregistre une croissance de + 5 % à + 10 % par an. Nous ciblons trois types de clients : les entreprises industrielles et commerciales, les professionnels du transport/logisticiens et les entreprises de négoce et matières premières. Mais nous étions quasiment absents sur le marché des corps de navires. Nous grossissons par croissance organique et par croissance externe. Le rachat de Cap Marine s’inscrivait dans notre stratégie de croissance externe et de développement axée sur les expertises de pointe. Cette acquisition nous permet de nous doter de compétences dans l’assurance des flottes de commerce, navires spécialisés et travaux maritimes et d’élargir notre offre de services à nos clients. En transport, nous avons réalisé en 2015 un chiffre d’affaires de 25 M€.

O. Renault : Cap Marine, courtier spécialisé en assurance maritime, a été créé il y a plus de quinze ans par plusieurs associés dont la majorité approche aujourd’hui la soixantaine. Se posait à terme la question de la succession. Par ailleurs, bien qu’offrant un savoir-faire particulier dans les domaines des flottes de commerce, des corps de pêche et fluviaux, des travaux maritimes, etc., tant en France qu’à l’international, notre taille nous desservait dans les appels d’offres. Il était difficile, notamment sur les énergies marines renouvelables (EMR) de se faire préqualifier. En intégrant S2H, nous allons pouvoir nous appuyer sur la force de ce groupe très présent à l’international et apporter à nos clients une plus grande valeur ajoutée. En 2015, nous réalisions avec 46 personnes un chiffre d’affaires de 6,5 M€.

Quel est désormais votre positionnement sur le marché transport et maritime ?

P. Deleplanque : Avec Cap Marine, nous sommes 120 spécialistes dédiés aux activités transport et maritime et réalisons un chiffre d’affaires supérieur à 30 M€. Nous formons le leader incontesté du marché français. Nous devançons les grands courtiers généralistes et d’autres cabinets de courtage spécialisés tels que Filhet Allard Maritime, ou Groupe Eyssautier. En montant de primes, nous collections à nous deux en 2015 200 M€. Nous détenons aujourd’hui environ 25 % de parts de marché en France.

Comment ce rachat a-t-il été perçu des collaborateurs ?

O. Renault : Chez Cap Marine, nous n’avons pas de CE, simplement des DP. Le personnel a bien accueilli cette opération et se montre partie prenante dans la démarche. Il a conscience que l’absence de taille critique rendait certaines affaires plus difficiles à réaliser depuis quelques années.

P. Deleplanque : Ce dossier nous a demandé un an de travail. La pertinence du projet a dû être validée. Après être entrés en négociation exclusive, nous avons conclu le 30 juin 2016. Le 1er juillet, le rachat était effectif. Siaci Saint Honoré a bien entendu consulté son comité d’entreprise qui a rendu un avis favorable sans réserve.

Ce rachat entraîne-t-il du côté de Cap Marine des modifications en termes de statut juridique et social, d’identité de marque, de système d’information et de localisation géographique ?

O. Renault : Sur le plan juridique, nous conserverons le statut de filiale à 100 % de S2H pendant deux à trois ans. Sur le plan social, nous rejoindrons l’UES de S2H et les salariés bénéficieront des mêmes avantages que ceux de S2H. L’harmonisation des droits devrait être réalisée début 2017. Au plan commercial, nous conservons notre marque, Cap Marine, car elle est très bien identifiée par nos clients et les marchés étrangers, scandinaves et anglais. Au niveau de l’informatique, le rapprochement sera facilité par l’utilisation de systèmes d’information communs, notamment en facultés. Concernant nos sites géographiques, le siège à Rouen et le bureau de Nantes sont maintenus. Seul le bureau de Neuilly-sur-Seine a été transféré dès septembre 2016 dans les locaux de S2H rue de Courcelles et les équipes sont désormais réunies.

Des synergies vont donc avoir lieu…

P. Deleplanque : Nos deux entreprises entretiennent de longue date des relations de confiance et observent respectivement un faible turnover de leurs effectifs. Des synergies commerciales vont évidemment être développées, car nous sommes techniquement complémentaires, des réductions de coût pourront avoir lieu sur la partie immobilière (loyer) et le poste achat. Nous mettrons aussi en commun nos outils d’aide à la gestion des risques et nos extranets. La transformation numérique sera poursuivie avec la centralisation des données. Il est déjà possible d’émettre des certificats d’assurance ou de déclarer des expéditions et des sinistres en ligne.

O. Renault : Nous continuerons de décliner des services et des solutions sur mesure à nos clients et de déployer nos programmes de placements multimarchés. Nous avons par exemple en ce moment un gros dossier en cours le long de la côte occidentale de La Réunion : la construction d’un viaduc en mer. De plus, le rapprochement avec S2H va nous permettre de proposer également à nos clients de l’assurance crédit et d’autres solutions d’assurance IARD.

Participez-vous aux travaux de l’Ucamat et comment voyez-vous évoluer le marché du courtage maritime et transport en France ?

P. Deleplanque : S2H et Cap Marine sont parties prenantes dans les travaux de l’Ucamat sur les sujets actuels : clause de piraterie, et sanctions internationales des assurés pour les pays sous embargo. Nos réflexions sont mises en commun. Il est important que le courtage maritime et transport français soit mieux reconnu, car nous apportons une valeur ajoutée spécifique, grâce à notre expertise technique et à nos délégations de gestion des sinistres.

O. Renault : Il est bon que le marché d’assurance français accorde davantage de place au courtage maritime et transport et s’unisse pour faire sa propre promotion. Nous considérons que la capacité est suffisante, mais nous pensons qu’il est toujours possible d’innover en termes de services et produits.

P. Deleplanque : A ce titre, l’arrivée de nouveaux acteurs sur le marché français de l’assurance maritime est une très bonne nouvelle pour les assurés : Swiss Re il y a quelques années, We Specialty en 2016 – nouvelle agence de souscription créée à l’initiative de Patrick de la Morinerie – et bientôt Ergo, filiale de Munich Re.

Dépêches

Chargement en cours...

Dans la même rubrique

Nicolas Sinz élu président de l’Union des assisteurs

Le 7 février 2025, Nicolas Sinz, directeur général d'Europ assistance France, a succédé à...

«Marsh France est en croissance de 10 % sur 2024»

Fabrice Domange, à la tête de Marsh France depuis 2016, revient sur une décennie de transformations...

Panorama 2025 des capacités grands risques

À l'occasion des 32 Rencontres de l'Amrae, qui se tiennent à Deauville du 5 au 7 février, retrouvez...

Voir plus

Chargement en cours...

Chargement…