analyste crédit
Auparavant, des revenus d’investissement solides permettaient de compenser la baisse du résultat liée à la détérioration des marges techniques. En raison de la faiblesse des taux, les réassureurs se tournent désormais vers les surplus de réserves accumulés les années précédentes pour soutenir leurs résultats annuels. Depuis 2011, le niveau de relâchement annuel reste élevé, à plus de 7 Md$ pour les vingt plus grands réassureurs non vie. Ceci montre à quel point la stratégie de relâchement des réserves peut avoir un impact sur les résultats publiés. Par conséquent, nous considérons que les réassureurs gérant prudemment leurs réserves bénéficieront d’un avantage concurrentiel à long terme, caractérisé par des résultats annuels moins volatils. En effet, une gestion prudente des réserves permet de lisser la sinistralité d’une année catastrophique tout en maintenant sa position de marché.
Au contraire, ceux ayant relâché leurs réserves plus rapidement pourraient faire face à l’épuisement de leurs surplus et produire des résultats plus volatils. Selon nous, deux sources principales contribuent à une évolution favorable des réserves. Tout d’abord, le cycle de développement relativement court des catastrophes naturelles : le relâchement des réserves peut survenir relativement rapidement suite à l’indemnisation d’une catastrophe naturelle. Ceci intervient lorsque le montant final des pertes est connu, généralement deux à quatre ans après le sinistre, et qu’il est en dessous des provisions constituées. Compte tenu du peu de catastrophes majeures survenues ces dernières années (avant les ouragans de 2017), nous pensons que les réserves libérées émanent d’une autre provenance, à savoir les lignes d’activité à matérialisation lente (la deuxième source), de type responsabilité civile, dont l’une des caractéristiques est que le montant des pertes liées aux sinistres peut mettre des décennies à se stabiliser. D’où le risque qu’un relâchement des réserves prématuré pour ces lignes d’activités puisse être source de volatilité du résultat dans le futur.
Il est toutefois difficile d’estimer le degré de prudence des réassureurs quant à la gestion de leurs réserves. Dans le cadre de la directive Solvabilité II, les réserves sont publiées sur la base de la meilleure estimation et peuvent donner une indication sur la politique de gestion du réassureur. Cependant, le niveau de prudence n’est que rarement explicitement communiqué. Toutefois, l’introduction de la norme comptable IFRS 17 devrait permettre d’obtenir plus d’information sur les niveaux de confiance relatifs aux réserves.