Les réassureurs globaux sont à la recherche d'économies d'échelle, comme en témoigne la vague d'annonces de fusions-acquisitions dans le secteur ces derniers mois. Celle-ci confirme les difficultés auxquelles sont confrontés les réassureurs : la baisse des tarifs, la baisse de demande de la part des cédantes et des capacités toujours excédentaires sur le marché.
directeur secteur assurances de S&P
La pression concurrentielle demeure aiguë et les consolidations en cours illustrent la grande difficulté pour les réassureurs de défendre leurs positions de marché. L'un des problèmes, outre l'excès de capacité et la baisse de la demande des cédantes, est l'affluence de sources de capacité non traditionnelles (cat bonds, sidecars...). Le poids de ces outils alternatifs a augmenté en 2014. Par exemple, les assureurs ont émis pour 8,8 Md$ de Cat bonds en 2014, un record. Selon le courtier Aon Benfield, l'ensemble des véhicules de capitaux alternatifs représente environ 62 Md$, soit 18 % de la capacité mondiale de réassurance catastrophe.
Cette pression sur l'environnement opérationnel est toutefois atténuée par la solidité des bilans des réassureurs. Sans ces bilans solides, des solvabilités fortes et des pratiques rigoureuses de sélection des risques, nous aurions probablement déjà commencé à abaisser les notes de certains réassureurs. La solidité des bilans a été généralement soutenue par des bons résultats. D'ailleurs, l'année 2014 a été un bon millésime, grâce à une sinistralité en catastrophes relativement clémente et à des boni de liquidation très importants (9 points de ratio combiné sur les neuf premiers mois de 2014).
Toujours est-il qu'en 2015 et 2016, la morosité devrait persister. Nous nous attendons à une baisse des tarifs de l'ordre de 5 % à 10 % dans la plupart des lignes de métier. Ceci devrait se traduire par une forte détérioration du ratio combiné, qui devrait s'approcher des 100 %, contre 86-88 % estimés pour 2014. A cause des taux d'intérêt bas, les revenus des placements devraient également faiblir en 2015, à un rendement d'environ 1,5 %, participant à une baisse importante du retour sur fonds propres. Les perspectives de rentabilité écornée sont parmi les principales sources qui pourraient nous amener à revoir nos notes à la baisse sur le secteur. Dans ce contexte, nous pensons que la taille, la diversification et la discipline de souscription seront déterminantes pour les réassureurs souhaitant maintenir leur pertinence dans le marché.