La situation des assureurs non vie américains est globalement satisfaisante.
directeur pour le secteur assurance chez S&P Global Ratings
Depuis plusieurs années, la sinistralité se maintient à des niveaux bénins grâce à une amélioration des fréquences et une faible sinistralité catastrophique. La solvabilité des acteurs s’en est trouvée renforcée et la disponibilité des capacités s’est donc accrue, y compris en réassurance. De telles conditions auraient logiquement dû déboucher sur une altération des pratiques tarifaires mais il n’en a rien été. De même, l’environnement de taux bas n’a pas causé de déformation des portefeuilles d’investissements en faveur d’actifs plus risqués puisqu’à fin 2015, les obligations notées en catégorie spéculative ne représentaient que 3 % des portefeuilles d’investissement. Enfin, les résultats techniques ont été soutenus par des relâchements de réserves permettant d’afficher des ratios combinés sectoriels satisfaisants (98 % en 2015, 97 % en 2014).
De notre point de vue, les assureurs non vie américains sont très fortement capitalisés. À fin 2015, le montant des fonds propres de l’industrie s’élevait à 674 Md$. La plupart des acteurs disposent d’excédents au-delà de notre seuil d’exigence, lui-même fonction du niveau des notes, et ceci en dépit d’une profusion d’opérations de rachats d’actions dont le montant cumulé depuis la crise financière de 2008 s’élève à 88 Md$ (dont 21 Md$ pour la seule année 2015). On pourrait toutefois continuer à assister à des opérations de rapprochement dans le prolongement de celles intervenues récemment, dont la plus importante impliquant Ace et Chubb.
Les principaux enjeux des acteurs sur ce marché se nomment digitalisation et économie du partage. Ces nouvelles tendances impliquent une nécessaire évolution de la relation clients mais aussi des caractéristiques propres des produits vendus. Les grands acteurs devraient selon nous parvenir à s’adapter en proposant des solutions innovantes, impliquant par exemple l’utilisation croissante d’objets connectés, ainsi qu’en s’adaptant encore davantage aux nouvelles formes de communication que constituent les médias sociaux. Ils devront toutefois faire face à la probable émergence de véhicules sans chauffeur dont l’apparition graduelle promet de bouleverser la nature même des polices d’assurance automobile. Enfin, la pression tarifaire commence à se faire sentir dans certaines activités et les relâchements de réserves ne devraient plus être aussi bénéfiques à l’avenir qu’ils ne l’ont été au cours des dix dernières années.