L’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) incite banques et assurances à accélérer leur action face à l’urgence climatique.
journaliste
« La hausse attendue de la sinistralité et des primes pour certains risques d’assurance est particulièrement notable : sur l’ensemble du territoire français, les sinistres liés aux catastrophes naturelles augmentent deux à cinq fois pour les départements les plus touchés. » Tel est le principal enseignement du premier stress test climatique couvrant les secteurs de la banque et de l’assurance, dont le compte rendu a été publié en mai par l’ACPR. L’exercice a soumis pendant près d’un an neuf groupes bancaires et quinze groupes d’assurance à un test de résistance aux changements climatiques. Les banques ont principalement été interrogées sur les risques de transition, résultant notamment des ajustements effectués en vue d’une transition bas carbone. Sur les périls naturels, et si l’on se base sur le scénario retenu sur l’évolution du climat (augmentation de la température comprise entre 1,4 et 2,6 °C), additionné à un maintien du ratio S/P tout au long de la projection (soit jusqu’en 2050), les primes dommages augmenteraient de 130 % à 200 % souligne l’ACPR, soit une hausse des primes d’assurance comprise entre 2,8 % et 3,7 % par an, supérieure à celle du PIB. Dans ce cadre, « des hypothèses supplémentaires sur le comportement des assurés seraient nécessaires pour analyser la soutenabilité d’une telle progression des primes », indiquent les auteurs du rapport.
Ces chiffres tiennent compte de l’hypothèse d’un passage de 12 % à 18 % de la surprime, une hausse probablement nécessaire selon Dominique Laure de l’Association des professionnels de la réassurance en France (Apref): « Depuis 2016, la sinistralité climatique s’aggrave avec un point d’inquiétude particulier sur la sécheresse. Si elle continue à générer autant de sinistres, il va falloir réagir. » Difficile à mettre en pratique tempère Nicolas Boudias, délégué général de l’Apref : « Il sera très compliqué dans le contexte économique actuel d’augmenter les charges pesant sur la MRH ou la multirisque entreprise. D’autant que la proposition de loi visant à réformer le régime des Cat Nat, adoptée en première lecture à l’Assemblée nationale en janvier dernier, rajoute un certain nombre d’éléments à la charge du régime, comme la prise en compte des frais de relogement d’urgence, ce qui serait de nature à creuser davantage les déséquilibres du régime. »
La prévention comme remède
« À la lumière de ces résultats, les institutions bancaires et les assureurs doivent amplifier dès aujourd’hui leurs actions en faveur de la lutte contre le changement climatique », souligne Denis Beau, sous-gouverneur de la Banque de France. Un constat partagé par Nicolas Boudias : « Si nous voulons éviter que les augmentations de primes ne deviennent insoutenables, il est nécessaire d’insister sur la prévention. Dans le cas du risque sécheresse, le gouvernement insiste sur l’importance de l’irrigation. Par ailleurs, il y a toujours moyen d’être plus strict sur la constructibilité des zones inondables, il y a également des techniques pour éviter le phénomène de rétractation, ou gonflement de l’argile. Petit à petit, on peut espérer que la prévention rende le risque climatique soutenable. »