Dans un contexte économique difficile,l’un des principaux assureurs crédit nous livre son analyse et dévoile sesprévisions pour l’an prochain.
Quel est l’état de la sinistralité enassurance crédit ?
Comme vous le savez, notre activité est liée au contexteéconomique. Or, au premier semestre, la croissance a été proche de zéro. Et nos23 bureaux régionaux, qui sont au quotidien en lien direct avec les acteurs dela vie économique, observent une dégradation de la situation. En parallèle àune réduction de l’investissement public, nos équipes constatent un gel enmatière d’investissement privé. Aussi, le chiffre d’affaires des entreprises atendance à baisser ; un repli qui affecte nécessairement leur trésorerie. Nousconstatons par conséquent un allongement de la durée moyenne de paiement quidonne lieu, au final, à une augmentation des défaillances.
C'est-à-dire ? Pouvez-vous nous donnerdes chiffres ?
Pour mémoire,avant 2009, nous enregistrions environ 50 000 défaillances d’entreprisespar an en France. En 2009, nous avons clairement changé d’échelle avec 65 000 défaillances. Depuis, leur nombre se stabilise au-dessus des 60 000. Pour2012, les défaillances devraient atteindre les 63 000 – soit une hausse de3 % –, une conséquence directe de la faiblesse de l’activité économique. Et lanouveauté tient au fait que les grandes entreprises, qui réalisent plus de 15 M€ de chiffre d’affaires, sont également touchées. Sur ce segment, lesdéfaillances augmentent d’ailleurs de l’ordre de 20 %. Très concrètement, lataille du chiffre d’affaires cumulé des 15 plus grandes défaillances à finseptembre 2012 atteint 7 Md€, plus de trois fois plus que celui de l’ensemblede l’exercice 2011 (2,2 Md€).
Et pour 2013 ?Qu’anticipez-vous ?
Lesdéfaillances d’entreprises vont se poursuivre sur un rythme assez similaire.Nous prévoyons que 64 000 à 65 000 entreprises fassent défaut l’annéeprochaine, soit une augmentation d'environ 2 %. Pour les entreprisesorientées à l’export, notre mesure du risque de défaillance chez les principauxpartenaires commerciaux de la France affiche une hausse de 10 %. Lesentreprises les plus concernées sont celles qui ont des partenariats avec despays de l’Europe du Sud, une zone particulièrement sinistrée. Les perspectivessont bien meilleures pour les entreprises disposant d’une activité au sein des Bric(Brésil, Russie, Inde, Chine) et aux Etats-Unis, qui eux, devraient connaîtreune croissance économique de 2 %.
Justement, que proposez-vous auxentreprises exportatrices depuis l’arrêt de Cap export ?
Legouvernement a en effet décidé d’arrêter le dispositif d’aide Cap export depuisle début de l’année. Nous l’avons repris pour compte propre en apportant desmodifications permettant d’élargir le champ des transactions éligibles et lepérimètre géographique couvert. En tant qu’acteur privé, nous sommes libérés decertaines contraintes, notamment vis-à-vis de Bruxelles. Nous sommes satisfaitsdes débuts de la commercialisation, avec un montant de garanties qui atteintaujourd’hui les 100 M€. Soit plus de trois fois l’enveloppe du dispositifétatique. Mais j’attire votre attention sur le fait que cette solution vient encomplément de nos produits traditionnels. L’objectif n’est pas de faire duvolume, mais d’apporter une réponse à des entreprises qui en éprouvent lebesoin.