Pierre Guillocheau, directeur des assurances collectives de Crédit agricole assurances
journaliste
Le patron des collectives du bancassureur évoque sa stratégie et son positionnement vis-à-vis des nombreuses réformes à venir (lisez l'intégralité de cet entretien dans le numéro 246 de La Tribune de l'assurance de mai 2019).
Vous visiez une croissance forte en assurances collectives pour 2018, avez-vous atteint cet objectif ?
Les assurances collectives de Crédit agricole assurances ont poursuivi leur développement en 2018 en enregistrant un chiffre d’affaires de 262,9 M€ à fin 2018 en santé et prévoyance, en forte hausse par rapport à 2017. Ces résultats sont significatifs, compte tenu du démarrage récent de l’activité il y a quatre ans seulement. Nous sommes également très vigilants en matière de rentabilité, nous avons pris garde d'éviter certains écueils observables sur le marché.
Le partenariat entre Predica et Amundi est-il le moteur de votre croissance en retraite collective ?
Notre partenariat avec Amundi mis en place fin 2016 s’appuie sur une volonté commune d’investissement et d’innovation dans le domaine de l’épargne et de la retraite d’entreprise. Nous avons voulu aller vite, délivrer rapidement de nouveaux services. Avec un objectif clé : rendre compréhensibles et lisibles ces dispositifs très éclatés et offrir un maximum de services pour informer et responsabiliser les salariés. Nous proposons une approche globale des différents dispositifs d’épargne collective. Le salarié peut ainsi suivre et gérer ses différents comptes (PEE, Perco, actionnariat salarié et PERE « article 83 ») au sein d’un même outil, simple, dynamique et pédagogique.
Sur cette base, nous développons des couches de services permettant au salarié de simuler, anticiper et prendre en main son épargne en vue de la retraite. Nous annoncerons d’ailleurs d’ici quelques mois de nouvelles innovations.
L’alliance entre le premier gestionnaire d’actifs en Europe et le premier assureur en France est une illustration concrète des synergies existantes au sein du groupe Crédit agricole pour offrir des services innovants à ses clients. La puissance de frappe de nos deux entités nous a d’ores et déjà permis de convaincre plusieurs grandes entreprises.
Qu’attendez-vous de la loi Pacte ?
Nous pouvons dire qu’avec notre alliance lancée en 2016, nous avons d’une certaine manière anticipé la loi Pacte ! Nous additionnons les forces d’un gestionnaire d’actifs et d’un assureur. En créant une vision globale PEE, Perco et article 83, et en promouvant la gestion pilotée par défaut, nous avons préfiguré la notion de produit unique que l’on retrouve au cœur de la loi Pacte.
Le succès de cette loi passe par un nécessaire effort de pédagogie à l’égard des salariés qui demeurent relativement éloignés des enjeux de la retraite, enjeux qui restent perçus de façon très globale mais très peu de manière individuelle. En agrégeant de façon simple l’ensemble des dispositifs et en proposant de plus en plus de services d’aide à la décision, nous sommes persuadés que notre plate-forme va constituer un levier puissant permettant de contribuer au succès de la loi Pacte.
Êtes-vous satisfait d’Agrica prévoyance à N+1 ?
Agrica prévoyance est née de la décision des partenaires sociaux du groupe Agrica en 2017, dans un contexte de mouvements au sein des groupes paritaires. Concernant le volet retraite Agirc Arrco, le partenariat avec l’alliance pro a été confirmé et amplifié. Restait la question du devenir des activités assurantielles d’Agrica. La logique du maintien au sein des familles de l’univers agricole a prévalu. On doit s’en féliciter et souligner que le Crédit agricole fait preuve d’un engagement sans faille en étant un des contributeurs majeurs et croissant à l’activité d’assurance d’Agrica prévoyance.
Le but d’Agrica prévoyance est de développer de façon ambitieuse la présence au sein des branches du périmètre agricole « élargi » de la production à la transformation.
Dans le cadre du business plan défini en 2017, nous avons des attentes fortes par rapport à l’atteinte des objectifs tant en défense du portefeuille qu’en conquête. Des investissements ont été réalisés en 2018 et nous sommes confiants pour l’avenir dans une approche mutuellement gagnante tant pour Agrica que pour ses deux partenaires assureurs.
Êtes-vous au point pour janvier 2020 et la mise en application du 100 % santé ?
Nous allons d’ores et déjà au-devant de nos clients pour leur présenter la réforme et ses impacts sur leur contrat. Notre nouvelle offre sera mise à disposition de nos réseaux très prochainement.
L’analyse d’impact technique de cette réforme est très complexe car la situation est dépendante du point de départ du contrat. Il ne peut donc pas y avoir de message global sur les évolutions tarifaires, l’approche doit être très fine, par entreprise et par segment. Nous faisons beaucoup de pédagogie pour expliquer aux entreprises où se positionnent leurs contrats. La principale inconnue de cette réforme concerne l’évolution des comportements tant des assurés que des professionnels de santé.
La résiliation à tout moment en santé est-elle une opportunité ?
Nous sommes confiants quant aux conséquences de cette réforme qui de notre point de vue ne devrait pas bouleverser les pratiques, déjà très concurrentielles en matière de contrats collectifs d’entreprises.