Yoann Chery, président de Leader Underwriting
journaliste
Soulagement pour Millennium. Le 16 décembre dernier, à moins de quinze jours de la date fatidique du Brexit, l’assureur basé à Gibraltar a obtenu l’agrément de l’ACPR qui lui permet d’opérer en France sur les branches accidents (1), maladie (2), incendie et éléments naturels (8), autres dommages aux biens (9), responsabilité civile générale (13), caution (15), pertes pécuniaires diverses (16) et protection juridique (17). Président de Leader Underwriting, l’agence de souscription de Mic Insurance en France, Yoann Chery n’a pas ménagé ses efforts dans le dossier qui constitue un virage important pour la compagnie.
Quels sont les éléments qui ont conduit l’ACPR à donner l’agrément à Mic Insurance France ?
L’ACPR a fait un travail remarquable dans des temps très courts. Le dossier de demande d’agrément a été déposé en juillet dernier et le régulateur a, ces derniers mois, pu constater que Millennium jouait pleinement le jeu. Au-delà du sérieux de la solvabilité, des projections de capitalisation en normes françaises et de la cohérence des fonds propres, elle a vu qu’une véritable structure française avait été mise en place avec l’ouverture de bureaux à Paris et l’embauche d’une équipe de direction. Mic Insurance France n’est pas une boîte aux lettres : c’est une compagnie d’assurance française opérationnelle qui va d’ailleurs travailler en libre prestation de service depuis la France, notamment vers l’Espagne.
Mic Insurance France vient de se séparer de Nicolas Sarkadi qui avait pourtant été nommé directeur général en juillet dernier. Pourquoi ce changement ?
Après l’obtention de son agrément, Mic Insurance doit s’entourer des personnes qu’elle estime les plus à même de mener son aventure. Dans cette optique, le conseil d’administration a fait le choix de révoquer Nicolas Sarkadi et de recruter un opérationnel dont le nom sera communiqué prochainement.
Quels gages avez-vous donné au régulateur pour le futur ?
La décision d’agrément favorable de l’ACPR sonne comme la juste récompense d’années de travail et de rigueur de la part de Millennium mais nous savons aussi que la construction et les branches longues sont des domaines sensibles. L’heure n’est donc pas au triomphalisme car nous nous sentons très responsables vis-à-vis de l’Autorité de contrôle et voulons prouver que nous sommes dans une démarche de développement pérenne. Notre ambition n’est donc pas de venir asphyxier le marché.
Cette issue favorable est quand même l’occasion de faire taire ceux qui doutaient des capacités de Millennium sur le marché de la construction ?
Ce sésame nous permet en effet d’envoyer un signal clair et positif au marché mais c’est d’abord une très bonne nouvelle pour les assurés qui, dans l’année Covid, n’auront pas à subir la double peine du Brexit. Les choses sont bien faites car l’avis de transfert, sous réserve de l’accord de l’ACPR que nous avons désormais, était déjà paru au Journal officiel. Sans hausse de tarifs et sans changement de garantie, les contrats vont donc être automatiquement transférés à Mic Insurance France. Pour le reste, c’est vrai que nous avons, depuis quelques années, passé du temps et dépensé de l’argent à défendre notre image. Dans le contexte difficile des faillites d’assureurs à Gibraltar, nous avons subi les attaques de certains concurrents qui, probablement en manque d’affaires nouvelles, ont joué de l’amalgame. Mais l’agrément n’est pas une revanche et la seule guerre que nous allons mener sera sur le terrain du business.
Leader Underwriting reste-t-elle l’agence de souscription de Millennium en France ?
Leader Underwriting représente et distribue les produits Millennium. Pour le courtage, la société reste le point d’entrée. Cela ne change pas. Il ne faut pas oublier que Leader Underwriting n’est pas qu’un distributeur et reste associé à 50 % au groupe Morera-Vallejo, propriétaire de Millennium.
Quels sont les chiffres 2020 pour Millennium ?
Millennium va clôturer 2020 avec un peu plus de 100 M€ de primes réalisées, dont près de 70 % issus du marché français. En France, l’année 2021 va forcément mixer l’organisationnel et le développement. Le premier semestre sera avant tout placé sous le signe des mises en place informatiques et de la structuration de la compagnie avec des ambitions de développement modérées.
Cet agrément est aussi une bonne nouvelle pour Leader Insurance. Qu’anticipez-vous pour 2021 ?
C’est clairement un effet systémique positif pour Leader Insurance, dont Leader Underwriting est une filiale importante. Malgré une année 2020 marquée par la crise sanitaire, Leader Insurance a enregistré une croissance organique de 15 %. Nous pensons que la croissance sera très forte en 2021. Actuellement, nous sommes démarchés par des fonds d’investissements qui s’intéressent à l’entreprise et nous nous positionnerons sur nos projets capitalistiques dès ce début d'année. Le groupe s’est structuré, a beaucoup recruté, et sa diversification lui donne aujourd’hui les moyens d’une ambition forte de doubler le chiffre d’affaires d’ici cinq ans.