Cet incontournable du paysage mutualiste fait le point sur l'actualité du groupe Matmut et prend position sur les sujets qui préoccupent la profession.
Quel bilan dressez-vous de l'exercice 2012 ?
Sur notre cœur de métier des risques auto et habitation, où nous avons respectivement 2,7 et 2,3 millions de contrats, Matmut est en phase avec les grandes tendances du marché. Au total, le cru 2012 n'est pas un bon millésime. Ainsi, et même sans catastrophe naturelle majeure au moment où nous parlons, l'évolution de la sinistralité habitation est défavorable. La faute à une succession d'événements d'ampleur moyenne qui pèse sur les ratios sinistres à cotisations.
Qu'observez-vous en auto ?
En auto, l'année est on ne peut plus classique en termes de sinistralité. Mais la crise et le très fort ralentissement des immatriculations de véhicules neufs pèsent sur notre production d'affaires nouvelles. Le renouvellement du deuxième véhicule du foyer ne sera bientôt plus qu'un heureux souvenir. Même pour ceux des ménages qui remplacent leur véhicule, la tendance est à la descente en gamme. Sur le marché des deux-roues, en forte croissance ces dernières années, le phénomène est identique. Et hormis le développement commercial qui demeure soutenu en zone urbaine, le marché dans son ensemble est stable. Reste, sur cette branche, la problématique préoccupante des dommages corporels graves.
A ce sujet, quelle est votre position sur l'indexation des rentes désormais à la charge des assureurs ?
Ce transfert est, selon moi, une erreur qui amènera l'assuré à payer deux fois le même service. Une première fois lorsque les assureurs répercuteront le coût de cette revalorisation annuelle, et une seconde fois lorsqu'ils provisionneront cette indexation. C'est un retour à la situation qui prévalait il y a de nombreuses années lorsque le Fonds de garantie des assurances obligatoires (FGAO) ne dérogeait pas aux règles de fonctionnement des assureurs. Des revirements, initiés à chaque fois par les pouvoirs publics, qui vident petit à petit le champ d'intervention du FGAO.
Où en êtes-vous en santé ?
Nos résultats sont conformes aux objectifs que nous nous étions fixés, puisque depuis le lancement de notre offre, plus de 81 000 contrats ont été souscrits, protégeant 123 000 personnes. Deux tiers de nos assurés santé proviennent de notre sociétariat. Cela conforte notre stratégie de départ ; le lancement de l'offre santé voilà deux ans visait d'abord à apporter une réponse à la demande de nos assurés. Avec, pour le groupe Matmut, une moyenne de 2,2 contrats par sociétaire, cette stratégie de multi-équipement enregistre de bons résultats.
Que pensez-vous de la proposition du président de la République de réformer les contrats collectifs ?
Ces contrats permettent à des millions de salariés, et à leurs ayants droit, de bénéficier d'une couverture santé. Dans un contexte économique difficile, il serait dangereux de revenir sur cet acquis. Il faut tendre à une égalité de traitement fiscal et social pour les souscriptions individuelles. Par contre, il faut sans nul doute redéfinir le cadre du contrat responsable.
C'est-à-dire ? Que proposez-vous ?
Je pense que le contrat responsable ne peut pas échapper à une révision régulière afin de s'assurer qu'il est bien en conformité avec les objectifs pour lesquels il a été mis en place initialement. Je rappelle que le contrat responsable date de 2004. Or, l'environnement actuel n'a plus grand-chose avoir avec celui de l'époque. A commencer par le montant de la TSCA (taxe spéciale sur les conventions d'assurance) qui est passé dans le même temps de 0 à 7 %. Ce réexamen ne peut se faire qu'en présence et avec le concours actif de la FNMF.
Hormis la santé, comment se porte votre branche assurance de personnes ?
Matmut reste un assureur majoritairement Iard. Et, de fait, la volonté du groupe de rééquilibrer ses activités reste entière. Notre dynamique en santé y contribue, tout comme, par exemple, les bonnes performances de notre offre obsèques. La prochaine refonte de notre produit prévoyance devrait également permettre de rééquilibrer notre mix produit.
Où en est le projet de transfert de votre activité épargne ?
Nous avons trouvé un accord avec nos confrères de Maif qui reprendront notre activité. Concrètement, nous allons procéder à une opération de cantonnement de notre portefeuille, qui totalise au total plus de 550 M€ d'encours. Bien entendu, les sociétaires pourront continuer à procéder à de nouveaux versements sur leurs contrats. Et j'insiste sur le fait que nous continuerons à distribuer des produits d'épargne dans nos points d'accueil. Mais l'activité ne sera tout simplement plus comptabilisée à Matmut. L'objectif est de distribuer les produits Maif d'ici la fin du premier semestre 2013. Puis, nous procéderons au transfert de portefeuille vers Parnasse-Maif fin 2013, début 2014.
Quel sera l'impact de cette opération pour vos sociétaires ?
Cette opération sera totalement neutre pour nos sociétaires. En revanche, elle permettra à Matmut de libérer des fonds propres et d'améliorer notre marge de solvabilité. Aussi, le fait de ne plus avoir la gestion de l'activité épargne nous permettra de nous concentrer sur le développement de purs produits d'assurance comme la prévoyance individuelle. Par ailleurs, en tant que président de Sferen, je me félicite d'avoir pu trouver en Maif le partenaire idoine à cette opération.
Où en sont les travaux du Centre de soins du square de la Mutualité dont vous avez prévu d'assumer la gestion ?
Les travaux de rénovation se poursuivent normalement et nous serons en mesure de tenir le calendrier initial avec une ouverture prévue courant 2013. J'insiste sur le fait que ce projet est étroitement lié à notre investissement dans l'Institut Montsouris, à Paris. Notre objectif est d'articuler au mieux la médecine de ville exercée de façon collective et les fonctions hospitalières d'un établissement dont la réputation n'est plus à faire. Il y a, selon moi, des gisements d'économies et aussi d'amélioration de la qualité de services aux sociétaires.
Vous semblez très impliqué dans ce dossier...
C'est un projet assez original, dont je suis fier. Non pas parce que nous sommes le seul assureur à investir dans une telle infrastructure, mais bien car je perçois ce type de centre de soins comme étant une réelle innovation au service des patients. L'ouverture de cet établissement était par ailleurs demandée à la fois par les habitants du quartier et la Mairie de Paris.
En tant que président de Sferen, pouvez-vous nous dire quel est le principal chantier qui vous occupe actuellement ?
Après avoir commencé par travailler sur la réassurance et les achats hors assurance, le chantier de la réparation automobile et de l'expertise est au cœur de nos travaux actuels. L'idée n'est absolument pas d'étrangler nos partenaires réparateurs, mais bien de proposer à chaque partie prenante de meilleures conditions économiques, plus équitables pour tous. Bien évidemment, notre souhait est de dégager sur le long terme des gains de productivité qui profiteront aux sociétaires des trois mutuelles affiliées à Sferen.
Pourtant, certains observateurs voient dans Sferen une coquille vide...
Je répondrai que nous n'avons pas attendu la création de la Sgam pour travailler ensemble. La création de Socram banque, d'Inter mutuelles assistance (IMA) ou encore du groupe OFI Asset Management sont autant d'exemples qui démontrent la capacité des mutuelles à se rassembler et à créer des synergies dans des domaines très différents. Cela se fait parfois à trois, parfois en duo... Au-delà de notre proximité culturelle, nous avons des liens très forts qui nous permettront d'aller encore plus loin demain dans la mise en commun de moyens.
Quel regard portez-vous sur l'Association française de l'assurance (AFA) que vous avez créée en 2007 en tant que président du Gema, avec Gérard de La Martinière, alors président de la FFSA ?
Je me garderai bien de porter un jugement sur les actions entreprises ou non au sein de l'AFA actuellement. Peut-être que les circonstances de marché et les changements de dirigeants n'ont pas favorisé le développement de cette association... Toutefois, je constate ici et là un regain d'intérêt pour l'association qui a comme finalité de regrouper les intérêts de la FFSA et du Gema, voire d'autres organisations professionnelles de l'assurance qui en feraient la demande. Force est de constater que l'outil existe toujours et qu'il est parfaitement prêt à l'emploi.