Nicolas Boudinet, directeur général adjoint de la Maif
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Après avoir investi le monde de l'économie collaborative, la Maif entend se positionner dans le milieu sportif. Nicolas Boudinet, directeur général adjoint de la mutuelle d'assurances, décline sa stratégie pour y parvenir.
Pourquoi la Maif s’investit-elle dans le sport ?
Le sport, même s’il est loin d’être exclusif, est l’un des pivots par lequel la Maif souhaite se diversifier. Grâce à notre partenariat avec la Mutuelle des sportifs (MDS), nous augmentons nos chances d’être l’assureur de certaines fédérations sportives, ce qui est le cas depuis que nous travaillons ensemble. Ainsi, depuis le premier semestre 2016, nous assurons quelques belles fédérations comme la Fédération française de voile (FFV), la Fédération française de boxe (FFB) ou très récemment la Fédération française de basket-ball (FFBB).
Au niveau des associations et des collectivités, ce positionnement n’est pas neutre, d’autant que nous présentons une offre complète, avec une garantie individuelle accident côté MDS, et des couvertures dommages côté Maif : c’est une manière de rentrer et d’exister sur un marché sur lequel nous avons des ambitions.
Envisagez-vous la création d’une Sgam avec la MDS ?
Nous ne sommes pas partisans des montages juridiques complexes, d’autant que la Maif a déjà tenté l’expérience par le passé, sans beaucoup de succès. Ce qui est important, c’est de trouver une mécanique qui nous lie les uns aux autres de manière positive et claire. Au final, je ne sais pas si l’on appelle cela une Sgam, en tout cas nous sommes aujourd’hui satisfaits des premiers résultats que nous obtenons en commun avec la MDS.
Quelles sont vos ambitions ?
D’abord, nous souhaitons développer des produits dédiés aux fédérations sportives et à toutes leurs filiations : ligues, comités, clubs ou associations sportives. Cela veut dire de l’assurance dommages ou RC bien sûr, mais aussi des services dédiés à ces organisations pour les épauler sur des questions logistiques et administratives, de déplacement, de logement, etc.
Avec le concept « Mon club facile », dévoilé lors des Jeux olympiques de Rio, nous pouvons proposer des prestations de services pour aider toutes ces organisations à mieux fonctionner. A l’intérieur de ce dispositif, il pourrait également y avoir un sujet autour du bénévolat. Nous souhaitons par exemple développer une plate-forme de mise en relation pour mobiliser des bénévoles et trouver des solutions pour les associations qui organisent des événements sportifs.
Ensuite, dès 2017, nous voulons toucher les pratiquants non affiliés aux fédérations, ceux qui ont une pratique sportive régulière mais sans licence, avec un certain nombre de besoins à la fois assurantiels et de services. Il y a des choses à inventer à destination de ces sportifs.
Comment comptez-vous vous imposer sur ce marché ?
Sur le principe, nous distinguons les partenariats de l’assurance stricto sensu. Nous sommes parfois partenaires de fédérations que l’on n’assure pas et vice versa. Nous pensons malgré tout qu'il faut avoir une vision globale du sujet pour trouver le bon équilibre. Nous avons tendance à penser qu’un partenariat peut aider à valoriser l’investissement de la Maif en touchant le grand public pour ensuite le faire revenir à nous au-delà de la simple activité sportive. Sur la partie assurance dommages, les marges sont faibles et la tarification ajustée au plus près du risque.
Pensez-vous être un assureur légitime dans le sport ?
La Maif est le premier assureur des associations. N’oublions pas que le sport se pratique d’abord grâce aux nombreuses associations. Nous sommes déjà le partenaire historique de plusieurs fédérations et le sport a, d’une certaine manière, une dimension d’édification de la personne au même titre que l’éducation. J’ajoute que nous avons de nombreux sociétaires professeurs d’éducation physique et sportive qui sont satisfaits de la possibilité d'activer ce levier. Le sport n’est donc pas un voie exotique pour la Maif.
Souhaitez-vous être plus actifs dans le sponsoring ?
Actuellement, notre cible et notre priorité sont le sport pour tous. Nous pourrons être tentés parfois d’aller sur le sport de haut niveau, car cela peut présenter un avantage en termes de symbole et de visibilité. En revanche, nous essaierons dans la mesure du possible de ne pas le faire de la même manière que les autres, à commencer par le fait que nous ne souhaitons pas forcément y engager les mêmes moyens.
Même si le sport professionnel n’est pas complètement exclu de notre champ d'action, nous souhaitons plutôt essayer d’accompagner des sportifs naissants, des athlètes qui ont besoin d’un coup de pouce à un moment clé de leur carrière, ou des disciplines pas forcement très médiatisées.
En allant chercher Alexandre Iddir en judo, Hélène Lefebvre en aviron ou encore Rénelle Lamotte en athlétisme, nous touchons par la même occasion les directeurs techniques nationaux (DTN), les conseillers techniques régionaux (CTR) ou encore les éducateurs nationaux, régionaux et départementaux qui sont à l’origine de l’éclosion de ces sportifs. L’idée est d’être clairement identifiés comme une référence par les spécialistes.