Reportage

Maif mise sur le soleil

Publié le 6 septembre 2019 à 8h00    Mis à jour le 13 septembre 2019 à 9h11

Marie-Caroline Carrère

Maif et Akuo Energy lancent un fonds d’investissement pour aider les agriculteurs dans leur transition agricole et énergétique. L’assureur militant pourrait à terme investir jusqu’à 400 M€.

Marie-Caroline Carrère
journaliste

Au milieu des vignes, à Bellegarde, à une vingtaine de minutes de Nîmes, se cache un verger pas comme les autres. à première vue, les champs de panneaux photovoltaïques s’y étendent à perte de vue. Mais sous les panneaux solaires se dissimulent des abricotiers plantés en rangées sur 1,5 hectares. Les fruits orangés mûrs à point sont prêts à être cueillis. Un peu plus loin, des plants de vignes, de cerisiers et d’autres abricotiers ont été plantés en hiver 2017 sur 2 hectares de plus. Les centrales photovoltaïques de Château (3,9 MWc) et de Broussan (2 MWc) forment le projet Bellegarde. Ce premier projet « Agrinergie » d’Akuo Energy implanté en France métropolitaine entend rapprocher agriculteurs et producteurs d’énergies vertes. Au lieu de réduire la terre arable pour produire de l’électricité, Akuo Energy developpe des espaces de culture et d’élevage sous ombrières et serres productrices d’énergie. L’objectif est de permettre à la terre de continuer à jouer son rôle agricole et d’en tirer des bénéfices supplémentaires pour les populations locales.

Commencer avec 50 M€

Pascal Demurger, directeur général de Maif, et Eric Scotto, président et cofondateur d’Akuo Energy, ont choisi le site d’expérimentation de Bellegarde pour annoncer en présence de l’ex-ministre de la Transition énergétique et solidaire, François de Rugy, le lancement du fonds d’investissement Maif transition doté de 50 M€ pour les deux prochaines années avec pour objectif à terme d’investir entre 200 et 400 M€. « Le lancement de Maif transition est un moment clé de l’histoire d’Akuo Energy. C’est le signal du passage à l’échelle d’un modèle que nous défendons depuis plus de dix ans avec nos partenaires agricoles : celui du développement en symbiose de l’agriculture et de l’énergie responsables, avec des projets porteurs de valeur par et pour les territoires », déclare Eric Scotto.

Ci-dessus : Pascal Demurger (Maif) à droite, accompagné par l’ancien ministre de la Transition écologique François de Rugy (la veste à la main) et Eric Scotto (Akuo Energy) à gauche lors du lancement du fonds d’investissement.

Ce nouveau fonds abondé par Maif est géré par Swen Capital Partners, société de gestion européenne spécialisée dans l’investissement responsable non coté, filiale des groupes OFI et Arkéa Investment Services (Crédit mutuel Arkéa). Les critères techniques et opérationnels sont gérés par Akuo Energy. Ce fonds a pour ambition de financer dans chacun des départements français, hexagonaux et ultramarins, un projet destiné à l’ensemble des filières agricoles, et favoriser l’émergence de projets innovants, de méthodes et de savoir-faire en matière de multi usage du foncier. Grâce à la production d’énergie renouvelable, les exploitants agricoles peuvent financer la transition vers une agriculture biologique et s’investir dans un projet viable à long terme. Cette démarche devrait permettre de revaloriser les sols et de créer des emplois. « Nous sommes fiers de mettre les moyens financiers de la Maif au service de projets concrets de transition agricole et énergétique. Maif transition est une nouvelle incarnation de notre volonté d’avoir un impact positif sur notre environnement à travers tous les volets de notre activité », ajoute Pascal Demurger entre deux abricotiers.

Pour ce faire, 20 % du fonds serviront à acheter des terres sur lesquelles des agriculteurs indépendants s'engageront par un bail rural environnemental (BRE). « Nous achetons des terres arables et les mettons à disposition d’agriculteurs souhaitant se convertir à l’agriculture biologique. Akuo intervient pour la partie technique en tant qu’opérateur des installations photovoltaïques », détaille le directeur général de Maif. Les premiers 50 M€ devraient permettre d’accompagner une quinzaine d’agriculteurs et de voir la création d’autant de centrales solaires sur environ 1 000 hectares de terres agricoles et pour une production énergétique estimée de 300 MW environ. Il poursuit : « Nous avons conscience que la transition vers une agriculture biologique ou la permaculture est difficile financièrement pour les agriculteurs parce que pendant les premières années, les terres ne sont plus fertiles et la production diminue drastiquement pendant deux ou trois ans. C’est un investissement lourd que les agriculteurs généralement ne peuvent pas se permettre. Notre rôle est justement de leur faciliter la tâche. Sans compter que ce fonds, en plus d’accompagner dans la transition agricole, investit également dans la transition énergétique. Le but est d’installer sur les parcelles des panneaux photovoltaïques pour créer de l’électricité propre et ainsi rentabiliser le projet et jouer des synergies entre les panneaux et la production agricole. Nous sommes à Bellegarde dans un verger partiellement abrité par des panneaux solaires qui protègent les arbres de la grêle ou des fortes intempéries…»

Rentabilité attendue

Enfin, Maif table sur une rentabilité de plus de 5 % assurée par la production d'électricité photovoltaïque. Et si pour l’instant l’assureur militant ne mobilise que ses fonds propres, il entend bien à terme placer une partie de l’épargne de ses assurés. « Ces investissements seront rentables. Ils sont peu risqués puisque nous sommes généralement propriétaires du foncier. Par ailleurs, le rendement du volet énergétique permet de compenser un assez faible rendement de l’agricole. L’engagement de l’entreprise n’est jamais pour nous un renoncement à la performance, évidemment nous le devons à nos sociétaires », relate Pascal Demurger.

L’assureur renforce ses engagements socialement responsables. En matière de gestion d’actifs, 83 % de son portefeuille de 18,6 Md€ sont placés selon les critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance). Maif transition vient s’ajouter à Maif avenir (140 M€ à fin 2018) et Maif investissement social et solidaire (11 M€ en 2016).

Société à mission

Cette initiative s’inscrit pleinement dans la volonté de Maif d’adopter le statut de « société à mission » prévu par la loi Pacte. Pascal Demurger a annoncé sa volonté d’introduire des objectifs sociaux et environnementaux dans les statuts de l’assureur militant qui devraient être entérinés en mai 2020 lors d’une assemblée générale extraordinaire. « De manière générale, Maif est très engagé sur ces sujets-là, nous voulons continuer à l’être encore plus. à la fois parce qu’on considère que c’est de notre responsabilité de grande entreprise d’avoir un objectif sur l’environnement, on voit bien l’ampleur des défis auxquels nous sommes confrontés, et nous considérons par ailleurs que c’est un modèle économique et d’entreprise de plus en plus attendu par les Français. Nous voulons être une entreprise créatrice de performance », conclut Pascal Demurger.

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