Interview de la semaine

« L’Open Innovation permet de délivrer rapidement produits ou services »

Publié le 23 mai 2019 à 8h00

Emmanuel Mayega

Julien Neveu, manager innovation, l’Accélérateur, Axa France

Emmanuel Mayega
journaliste

Rencontre avec Julien Neveu, manager innovation au sein de l’Accélérateur, la cellule d’innovation d’Axa France.

Vous faites partie de l’Accélérateur, cellule d’innovation d’Axa France, et vous avez lancé le programme d’Open Innovation Axa I/O en juin dernier. Quel a été votre parcours jusque-là ?

Avant Axa, mon parcours était essentiellement porté sur les jeunes pousses. Principalement, dans cet écosystème qui fourmille d’idées, j’ai co-fondé une start-up. Puis à la faveur d’une opportunité, j’ai rejoint le groupe Axa qui souhaitait accélérer son programme d’Open Innovation et sa transformation digitale. Une aubaine dans un grand groupe que je ne pouvais rejeter.

Tout le monde parle de l'Open Innovation. De quoi s’agit-il exactement ?

Dans un monde où le digital aide les porteurs de risques à se transformer, l’enjeu consiste à regarder également en externe pour construire les solutions de transformation : co-construire ! Bâtir avec les ressources externes nous permet d’aller plus vite. De ce point de vue, nous réalisons ce qui est dans nos cordes et confions à nos partenaires les parties que nous ne maîtrisons pas ou qui ne sont pas stratégiques. Dans cette logique, Axa a lancé son programme d’Open Innovation appelé Axa I/O. Un programme conduit avec l’aide de ressources de Keley Consulting.

Quelle est la finalité première d’un tel programme ?

Le recours à l’Open Innovation introduit des avantages indubitables. Dans un contexte de l’assurance où la réactivité est de rigueur, délivrer rapidement des produits ou services est un atout qu’apporte l’Open Innovation. Travailler avec des spécialistes dans des domaines qui ne sont pas les nôtres permet d’avancer vite et efficacement. Du coup, nous pouvons industrialiser l’innovation en capitalisant sur un savoir-faire sur étagère. Et faire face très vite aux exigences du marché, notre obsession, surtout à moindre coût.

Est-ce selon vous le mode de travail gagnant/gagnant avec les start-up ?

Clairement, pour que cela marche, il faut que le rapport de force soit équilibré entre ces deux parties que sur le papier tout oppose. Par ailleurs, il faut tenir compte du modèle light de ces start-up, voire de leur fragilité, et s’y adapter. Avec les équipes IT, juridique, achats, sécurité, nous avons ainsi dédié un processus adéquat et compatible avec cette typologie d’acteurs afin de ne pas leur faire subir la complexité, légitime, que nous pouvons avoir avec d’autres corporate ou gros acteurs. Nous le faisons en adoptant une contractualisation simple [en deux pages, NDLR], des réponses particulièrement rapides ; le règlement des factures en dehors du circuit traditionnel ; bref, adopter les méthodes administratives permettant d’aller vite, sans se précipiter.

L’Open Innovation est une solution qui génère de nouvelles données. Comment les utilisez-vous ?

Justement, c’est l’occasion pour nous d’apprendre sur les nouveaux usages de nos clients. Et ces données nous permettent de découvrir des subtilités sur ces usages inédits et d’appliquer les tarifs les mieux adaptés le moment venu. On n’assure pas une trottinette comme on le fait pour une voiture. En travaillant avec les start-up, nous acquérons l’art de comprendre certains usages. Cela nous permettra d’appliquer les tarifs les plus pertinents. Une question clé dans le domaine du véhicule autonome par exemple.

Mais je crois que le boom de la data viendra avec l’essor de l’Internet des objets (IOT), et nous n’y sommes pas encore ! Dès que ce sera le cas, il y aura un gros besoin de structuration. Une chose est sûre, surtout en Europe (et c’est tant mieux), c’est que la data n’appartient qu’à l’utilisateur ! Et par conséquent, il s’agira de démontrer l’intérêt pour les utilisateurs de nous partager ces données afin que nous puissions leur proposer le produit le plus personnalisé possible.

S’agissant des données externes, dites « Open » (données météo par exemple), elles contribuent efficacement à la création de nouveaux modèles produits, ouvrant par exemple la porte à l’assurance indicielle ou paramétrique.

En s’ouvrant vers l’extérieur, l’Open Innovation libère des ressources internes. Comment les réutilisez-vous chez Axa ?

Nous les recentrons sur des projets stratégiques : CRM, big data, connaissance client. Des domaines que nous devons maîtriser sur le bout des doigts. En fait, l’Open Innovation permet d’employer nos ressources et notre savoir-faire pour des projets critiques qui méritent d’être contrôlés en interne.

Quels sont les premiers livrables d’Axa I/O ?

Nous sommes en cours de pilote avec les lauréats du programme afin de tester de multiples applications : Allo Média, solution d’intelligence artificielle pour une retranscription de la conversation téléphonique et une compréhension fine des verbatim clients, QualyCloud, dans le domaine de la sécurisation des données sensibles, et Risk Attitude, outil logiciel de qualification de risques pour aider les agents dans leurs visites de risques.

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