David Dubois, président de l’Institut des actuaires
rédacteur en chef
Comment fonctionne l'Institut des actuaires, quelles sont ses missions et quel rôle entend-il jouer dans l'assurance ? Réponses avec son président David Dubois (retrouvez l’intégralité de cet entretien dans le numéro d’avril de La Tribune de l’assurance).
Quel est le rôle de l’Institut des actuaires ?
Historiquement positionné comme une société savante, assise sur les mathématiques, l’Institut des actuaires (IA) se présente, aujourd’hui, davantage comme une société de moyens plus proche des préoccupations de la place. Face aux évolutions réglementaires, l’institut est régulièrement amené à formuler des recommandations ou à prendre des positions, par exemple sur le choc actions dans le cadre de la révision 2018 Solvabilité II, et plus récemment sur l’amendement du Sénat relatif à la transférabilité des contrats vie dans le projet de loi Pacte. Cependant, et c’est fondamental, l’institut reste une association reconnue d’utilité publique donc il n’est pas là pour tracer les textes de loi, ou faire du lobbying, mais pour éclairer les débats avec des faits objectifs et sous le prisme de l’intérêt général.
Quel est le processus de vos prises de position ?
A titre personnel, je suis un fervent partisan de l’ouverture, des discussions, des échanges avec l’ensemble des parties prenantes de la place. Et le conseil d’administration soutient cette approche. Les sujets sont généralement instruits au sein d’un groupe de travail. Notre problématique pour émettre des positions au nom de l’Institut des actuaires est de parler d’une seule voix et qu’elle soit collégiale, donc que la position soit agréée en conseil d’administration qui compte vingt administrateurs. C’est fondamental pour que l’institut soit perçu comme objectif.
Quel sera le thème du Congrès des actuaires de juin prochain ?
Nous avons voulu sensibiliser les actuaires aux conséquences des changements climatiques. L’institut a mis en place voilà quelques mois deux groupes de travail, un sur le risque agricole avec le prisme du changement climatique et un autre sur les conséquences du changement climatique en assurance.
Le 18e Congrès des actuaires se déroulera le 17 juin sur le thème « assurance et finance : vent debout face aux changements climatiques » et devrait être un rendez-vous utile pour toutes les parties prenantes.
Le changement climatique reste un thème clivant et nous sommes sur l'analyse des conséquences en termes de risque pour la collectivité et les individus mais aussi sur les modalités à mettre en œuvre pour apporter notre contribution. Nous devons les étudier ne serait-ce que dans le cadre du call for advice de la Commission européenne sur Solvabilité II pour 2020.
C'est une excellente occasion pour l’IA de pousser des sujets de recherche et susciter un intérêt chez les futurs actuaires dans le cadre de leur mémoire.
Quels sont vos objectifs pour l’institut dans les prochains mois ?
Les actuaires sont encore trop souvent perçus comme des super calculateurs. C’est une idée reçue que nous combattons ! Nous devons valoriser la profession actuarielle dans son ensemble en tant que profession hautement compétente, dotée d’une éthique exemplaire et capable d’intégrer, dans toute sa dimension, la composante gestion des risques. C’est la raison pour laquelle nous lançons plusieurs initiatives, notamment en matière de formation, sur la conformité ou encore le risque cyber. Une caractéristique de l'actuaire étant sa pluridisciplinarité.
Nous avons aussi lancé, avec l’Institut français des administrateurs (IFA), un programme de formation destiné aux administrateurs de compagnie d’assurance qui, sur douze jours, forment les administrateurs, en exercice ou futurs, aux problématiques d’assurance et aux rôles des administrateurs. La première session démarrera courant avril et le recrutement des participants reste ouvert.
Enfin, un autre sujet qui nous mobilise fortement au sein de l’institut, c’est le colloque international que nous organisons, en coopération avec l’Association actuarielle internationale à Paris en 2020, qui regroupera des actuaires du monde entier. Il se déroulera du 11 au 14 mai au palais Brongniart. Une manière pour nous de participer à la valorisation de la place de Paris en tant que place financière de premier plan.