Interview de la semaine

« L’expertise à distance est plus rapide mais induit aussi des surcoûts »

Publié le 15 avril 2021 à 8h00

Stéphane Tufféry

Emmanuel Géli, président-directeur général de Polyexpert

Stéphane Tufféry
rédacteur en chef

Le groupe Polyexpert a bouclé l’exercice 2020 en croissance et réalisé deux opérations de croissance externe. Revue de détails du marché de l’expertise non-auto avec Emmanuel Géli, le patron du groupe.

Quel est le bilan 2020 pour Polyexpert ?

L’atypique exercice 2020 s’est soldé favorablement pour Polyexpert avec un chiffre d’affaires de 182 M€ en hausse de 6 %. C’est un bon bilan compte tenu du contexte de la crise sanitaire qui a vu s’effondrer la sinistralité sur toutes les branches au printemps dernier. En dépit du report de beaucoup de sinistres après le premier confinement, en construction notamment, ces bons chiffres 2020 sont aussi le résultat des mesures prises par Polyexpert pour faire face à la crise, assurer la continuité de services et continuer de porter des projets.

C’est-à-dire ?

Polyexpert n’a pas connu de coup d’arrêt de son activité lors du premier confinement ; rapidement tous les collaborateurs du groupe étaient opérationnels et en mesure de poursuivre leurs mission d’expertise, y compris sur le terrain lorsque c’était nécessaire. Les dossiers les plus complexes ont parfois été repoussés, notamment en raison d’une obligation conventionnelle imposant de réaliser l’expertise contradictoire sur site en présence des parties au sinistre. La circulaire concernée a été levée par le GCA courant 2020 et au total nous avons pu jouer notre rôle de fluidification des relations entre assureurs et assurés en cas de sinistre.

En outre, le groupe a réalisé deux opérations de croissance externe l’an dernier avec le rachat de deux cabinets d’expertise construction à Tours et en région parisienne. Le groupe a continué d’investir pour son développement en 2020 et continuera de le faire si des opportunités se présentent, notamment dans l’expertise transport.

Quel est justement l’état du marché des fusacs après la crise ?

En ce qui concerne Polyexpert, l’état d’esprit reste au développement et à l’investissement, mais dans les sociétés d’expertise de taille plus modeste, il est clair qu’il y a eu un choc psychologique chez les dirigeants en place. Beaucoup ont vu passer le couperet très près de leur entreprise et ont pris conscience d’une certaine fragilité de leur organisation. Cette incertitude et un rapport au risque entrepreneurial qui évolue défavorablement ont amené certains, qui n’étaient pas vendeurs avant la crise, à le devenir. On perçoit aussi cette évolution dans l’accélération des transmissions de cabinet à la génération suivante.

Où en êtes-vous trois ans après avoir noué un partenariat stratégique avec vos homologues IES et McLarens pour décliner une offre globale d’expertise non-auto ?

Le bilan est largement positif avec la possibilité pleinement opérationnelle de fournir des solutions d’expertise dans le monde entier. Polyexpert bénéficie en import des grands comptes anglo-saxons clients de McLarens et peut, en export, accompagner ses propres clients partout à travers le globe. En outre, Polyexpert a aujourd’hui dans ses livres des affaires que le groupe n’aurait pas eues seul ; c’est une des forces de ce partenariat, l’union des trois groupes nous ouvre des portes jusque-là closes.

Les attentes des donneurs d’ordres assureurs ont elles évolué avec la crise ?

Bien entendu, l’actualité concerne de près l’assurance. Par exemple, le risque politique est une spécialité qui monte depuis maintenant plusieurs années sur fond de mouvements sociaux tels les Gilets jaunes ou les manifestations contre la réforme des retraites. L’épisode très douloureux pour les assureurs l’an dernier de la prise en charge ou pas des pertes d’exploitation des commerces contraints de baisser le rideau a suscité pour nous un flux très important de dossiers à expertiser.

Bien sûr, le risque cyber monte en puissance et les dossiers d’expertise sont toujours plus nombreux. Toutefois, le niveau de maturité du marché de l’assurance du risque cyber n’est pas encore optimal.

Une autre branche de l’assurance, la protection juridique, suscite de plus en plus de travail d’expertise. C’est d’autant plus vrai que la PJ se développe tant auprès des particuliers que des professionnels ces dernières années.

Mais la véritable ligne de force des demandes des assureurs concernant l’expertise est relative à la gestion à distance. C’est une demande forte à laquelle nous sommes en mesure de répondre. Toutefois, c’est un sujet très large qui doit être discuté. Car ses incidences sont considérables sur la charge technique et sur les indemnisations, mais aussi sur l’exercice des recours ou le chiffrage des dommages lorsqu’on n’est pas sur site. Même en termes d’image de marque vis-à-vis du client, il y a matière à réfléchir. A distance, l’expertise est certes plus rapide, mais induit aussi des surcoûts indemnitaires pour l’assureur.

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