Dans quelle mesure le long confinement de l’économie mondiale aura-t-il raison des projets d’unions d’assureurs annoncés ces six derniers mois ? L’alerte sur résultats du réassureur Watford Re, qui s’est récemment porté acquéreur d’Axeria IARD, met en lumière le potentiel dévastateur de la crise.
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Coup sur coup, les deux sociétés d'assurance ont publié des communiqués de presse pour évoquer leurs résultats financiers et l’impact de la crise du Covid-19 sur la bonne tenue de leurs affaires et de leur marge de solvabilité.
Dans le premier cas, la communication a pris la forme d’une alerte sur les résultats du 1er trimestre et émanait d’une société de réassurance bermudienne ; dans l’autre, la communication portait sur les mesures prises face à la crise sanitaire, sur les résultats de l’exercice 2019 et sur ceux du début d’année d’un petit assureur dommages du marché français.
Pour le réassureur Watford Re, implanté à Pembroke aux Bermudes et coté au Nasdaq, l’alerte sur résultat liée à des pertes sur investissements à hauteur de 300 M$ enregistrées lors du récent krach boursier, a donné lieu au placement par AM Best de sa note de crédit « sous revue avec implications négatives ». L’agence de notation prend ainsi une décision majeure relative notamment au niveau de solvabilité attendu de Watford Re (A-). Au 31 décembre dernier, Watford disposait d’un capital de 1,1 Md$.
Rentabilité en hausse
Pour l’assureur dommages, en l'occurence Axeria IARD, l’exercice clos au 31 décembre affiche des revenus de 137 M€ (-2 %), un bénéfice net de 4,6 M€ (-2 %) et un ratio de solvabilité à 184 % (+18 points). L’assureur se paye même le luxe d’améliorer sa rentabilité au premier trimestre 2020 avec un résultat net de 1,1 M€ et des revenus en baisse sur le segment affinitaire mais en croissance (+5 %) sur celui des professionnels et des entreprises.
Les profils, les problématiques et les réactions face à la crise des deux sociétés n’ont semble-t-il rien à voir. Pourtant, les deux assureurs sont intimement liés puisqu’ils ont publié les bans de leur future union début décembre. L’acquisition reste encore soumise à l’approbation du régulateur français et des autorités de la concurrence. Elle reste surtout dépendante de l’évolution des marchés financiers et de la capacité de Watford à recouvrer tous ses moyens d’agir.
Avant la crise, l’opération cochait pas mal de cases et contentait quasi toutes les parties prenantes, au premier rang desquelles l’acquéreur pour qui les agréments d’Axeria pour exercer sur le marché français, mais aussi son réseau d’apporteurs issu du courtage, constituaient des atouts maîtres en faveur de l’acquisition.
Du vendeur April, tout à son recentrage stratégique autour du courtage en gros, aux intermédiaires indépendants, trop heureux de conserver un guichet de souscription franco-français, en passant par le management, voué à rester en place, tout le monde se félicitait de ce changement d’actionnaire.
Mais ça, c’était avant la panique sur les marchés financiers et l’arrêt quasi complet de l’économie mondiale. Qu’en sera-t-il après la crise ? Début de réponse dès mardi 5 mai avec la conférence de présentation des résultats T1 de Watford Re.